Suppression de la TVA sociale, compétitivité structurelle, taxe à 75%, Jean-Marc Ayrault n’a pas surpris dans sa déclaration de politique générale, prononcé hier à l’Assemblée nationale. En revanche, le 1er ministre a tendu, sous certaines conditions, la main aux entrepreneurs.
« Je crois en l’esprit d’initiative ». Jean-Marc Ayrault aurait voulu séduire les entrepreneurs qu’il ne se serait pas pris autrement. Et, pour le coup, le 1er ministre y met du sien. « J’estime les chefs d’entreprise et je les connais. Je salue leur apport à notre économie. Je ne les confonds pas avec quelques parachutistes dorés ou avec des spéculateurs sans scrupules ». Entrée en matière qui aboutit généralement à des doléances.
Et, pour le coup, Jean-Marc Ayrault ne passe pas par quatre chemins. « Aidez la France en créant de l’emploi, en préservant l’activité dans notre pays, en relevant le défi productif ». Car, précise le 1er ministre de François Hollande, « au-dessus de l’argent que l’on gagne, il y a ce sentiment plus grand, plus fort, celui que procure l’estime et la reconnaissance de ses concitoyens ». Les entrepreneurs apprécieront le lien.
«Le patriotisme, c’est servir son pays… »
Rapprochement d’autant plus inutile que Jean-Marc Ayrault le rappelle : « je ne suis pas un ennemi de l’argent. Mais je ne considère pas les gens auxquels je parle en fonction de leur patrimoine et de leurs revenus ». Faisant, cette fois-ci, davantage référence à Nicolas Sarkozy et sa fascination supposée de la richesse des hommes d’affaires.
En revanche, le 1er ministre anticipe les critiques sur la prochaine politique fiscale : « je n’accepte pas d’entendre dénoncer une « fiscalité confiscatoire », par ceux-là même qui s’autorisent parfois des rémunérations au-delà de tout entendement. Attaque à peine voilée des grands patrons. L’ancien professeur ressurgit d’ailleurs à cette occasion, pour donner un cours de civisme : « le patriotisme c’est servir son pays. C’est remplir ses devoirs après avoir reçu tant de droits ».
«… ce n’est pas fuir la France pour les paradis fiscaux »
Autrement dit, « le patriotisme ce n’est pas fuir la France pour les paradis fiscaux et laisser à ceux qui restent, le poids de l’effort ». D’ailleurs, « à tous les niveaux, le gouvernement que je dirige se donnera les moyens de lutter contre la fraude, et d’abord contre l’évasion fiscale. » Terminées, les négociations.
Quant au fonctionnement interne des entreprises, l’objectif est à la « préoccupation partagée ». En d’autres termes, « la culture de l’accord, celle qui implique des contreparties, du donnant-donnant » doit s’imposer. De l’autre côté, Jean-Marc Ayrault affiche sa volonté pour que la finance soit mise au service de l’économie réelle. Concrètement, par la grande banque publique d’investissement mais aussi par la « création du livret épargne industrie » qui drainera l’épargne disponible, et ce « à des fins productives ».
Et pour savoir ce que pensent les entrepreneurs, réécoutez l’émission Entrepreneurs Le Live.
Tancrède Blondé