Le patron des centres Leclerc fait entendre une voix dissonante sur la question de la hausse du Smic. En effet à ses yeux, la hausse du Smic est une bonne nouvelle, avec néanmoins quelques réserves.
« Y’a un déficit de reconnaissance du salariat ». Non, la phrase n’est pas sortie de la bouche d’un dirigeant syndical mais bien de celle d’un entrepreneur, et pas des moindres. Interrogé ce matin sur RTL, Michel-Edouard Leclerc est revenu sur la hausse du Smic. « Un bon symbole social » qui, à ses yeux, permettra de « renouer le dialogue avec les salariés ».
Une position qui étonnera ses homologues entrepreneurs. D’autant que les centres Leclerc comptent plus de Smicards que la moyenne nationale, « entre 15 et 18% » selon le dirigeant. Faux problème donc, pour Michel-Edouard Leclerc. « La distribution et les secteurs des services ne sont pas directement concurrencés par les étrangers ».
« On va se l’avaler »
Ce qui, évidemment, est « plus compliqué pour les entreprises industrielles » avoue-t-il. Mais, « faut pas charrier quand même » ajoute-t-il, pour bien marquer sa différence avec la position officielle du Medef. « C’est pas ça qui vous nous faire perdre le triple A de l’entreprise ». Ambiance !
Qui va payer alors ce surcoût ? « On va se l’avaler ! » précise le dirigeant. Autrement dit, pas de répercussions sur les prix. Mais, précise-t-il, « parce que les centres Leclerc marchent bien. » D’accord, mais pour les autres ? Encore une fois, Michel-Edouard Leclerc ne se démonte pas: « il faut qu’il y ait plusieurs Smic par catégorie professionnelle ».
Se « réendetter » ou non ?
Car, le Smic uniformise trop. Résultat, il ressemble davantage à « une trappe à bas salaire ». Et ce ne sont pas « 22 euros supplémentaires qui va ramener la fête dans les foyers ». Or, « à tort ou à raison », le moteur de la croissance reste en France la consommation. Et « c’est ténu la consommation. Il faut l’alimenter pas la casser ».
Michel-Edouard va même plus loin et élargit la problématique de la dette. « Il faut se poser la question de se « réendetter » pour accélérer la croissance ». Une parole qui laissera vraisemblablement dubitatif les entrepreneurs. Hormis, peut-être, vous ?
Tancrède Blondé