Michel Sapin vient de l’annoncer : la hausse du Smic sera de 2%. Applicable dès le 1er juillet, elle est loin de faire l’unanimité : « fausse bonne idée » selon Valérie Pécresse ou « premier faux pas » pour Jean-Claude Mailly. Et si on demandait ce qu’en pensent les entrepreneurs ?
21,50 euros nets par mois, soit une augmentation de 2%. Voilà ce que représentera la hausse du Smic annoncé par Michel Sapin, ministre du Travail et de l’emploi, devant la commission nationale de la négociation collective. Une « aspiration légitime des citoyens dont les salaires sont les plus bas », selon le ministre. Pas sûr que les entrepreneurs français soient du même avis.
« C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase » pour Gilles Rebibo, fondateur de Mister Gold, société spécialisée dans le négoce d’or. « Dans l’absolu, l’augmentation du Smic n’est pas un problème » avoue-t-il bien volontiers. En revanche, « on ne peut pas nous demander de maintenir les emplois ». Car, derrière le Smic, » ce sont les charges qu’on doit payer ». Résultat, ajoute Gilles Rebibo, « je voulais embaucher une ou deux personnes mais on va freiner des deux pieds ».
Hausse de 1 point, 20 000 emplois détruits
Même constat pour Diaa Elyaacoubi, Présidente de Streamcore System et de l’association d’entrepreneurs Esprits d’entreprises. Augmenter le Smic, « c’est bien quand il y a de la croissance » mais aujourd’hui, « les marges sont exécrables » en France, rappelle-t-elle. Dès lors, l’imposer aujourd’hui est, aux yeux de l’entrepreneure, un véritable « contresens pour aider les entreprises ».
Pire, la hausse de 2% du Smic « n’aide pas beaucoup les salariés » selon elle. « Jusqu’à quand va-t-on continuer à favoriser l’éviction du marché du travail des jeunes et des moins formés ? » interpelle Guillaume CAIROU, PDG de Didaxis, Président du Club des Entrepreneurs. En effet, selon Paul Champsaur, président de l’autorité de la statistique publique, une hausse de 1 point du SMIC provoque disparition de 20 000 emplois peu qualifiés.
« Nous sommes dans le même bateau »
Or que veulent les entrepreneurs ? « On veut que les gens aient les moyens de vivre leur vie » explique Gilles Rebibo. « Ça ne nous plaît plus que ça de payer les gens au Smic ». Mais avec une base qui augmente, difficile de faire progresser les rémunérations, même si « les autres collaborateurs vont demander, à coups sûrs, une augmentation en janvier lors des prochaines négociations salariales ».
Au final, rappelle le Président de Mister Gold : « ce n’est pas de l’argent qu’on prend aux chefs d’entreprises mais à l’entreprise elle-même. Or, qu’est-ce que notre trésorerie, si ce n’est notre instrument de travail ? » demande-t-il d’un air un peu désabusé. Diaa Elyaacoubi ne dit pas autre chose : » Nous sommes dans le même bateau et on nous demande de payer plus chers les rameurs. » Le comble !
Tancrède Blondé