Alors qu’en général les chefs d’entreprises du monde entier cherchent plutôt à casser les barrières, tant administratives que douanières, les patrons de PME Suisse Romande demandent, eux, une limitation de la circulation des personnes. Ambiance !
« PME et migrations ». Deux termes que l’on n’a pas l’habitude de voir accolé en France. Et pourtant, c’est bien le thème choisi pour la journée des arts et métiers organisés par l’Union suisse des arts et métiers (USAM) qui a commencé hier. Le débat risque d’être musclé. D’autant que près de six patrons Suisses Romands (partie française de la Suisse) sur dix seraient d’accord pour « stopper l’immigration massive ».
Une proposition émise au départ par l’UDC, parti politique suisse très à droite, pour ne pas dire plus. Concrètement, le parti le plus puissant au niveau national souhaite réintroduire des contingents à l’immigration et donner la priorité aux Suisses, dans la recherche d’emploi. Or, jusqu’à preuve du contraire, la Suisse n’est pas l’île de Lampedusa. Une petite île du sud de l’Italie qui avait accueilli un grand nombre d’immigrés clandestins, suite aux révoltes du « Printemps arabe ».
Xénophobie ou besoin de protection ?
Pour Jean-François Rime, président de l’USAM, les PME Romandes « sont celles qui sont confrontées les plus durement aux problèmes de recrutement, à la sous enchère et aux faux indépendants». Plus en tout cas, selon ses dires, que les entreprises Suisses-allemandes qui, sur la même question, rejettent fermement cette option (65% contre).
Alors, xénophobie latente ou besoin de protection ? Difficile de répondre. La preuve, à la question de savoir si l’immigration est un risque ou une chance, les répondants restent très partagés, respectivement à 38% et 37 %. Dans leur combat contre l’immigration, les chefs d’entreprises Suisses Romandes pointent également l’encombrement du trafic et les loyers chers.
Impact positif sur l’activité
En tout cas, une chose est sûre : les chefs d’entreprises de la Suisse francophone veulent plus de contrôle aux frontières. «La problématique des frontaliers est sans doute plus vive chez nous » rappelle Jean-François Rime. D’autant que le sondage donne du poids aux patrons de petites structures, en général plus rétif à la concurrence. Car au final, le président de l’USAM l’affirme : les patrons sont « favorables sur le fond à la libre circulation » des personnes.
Et puis, mine de rien, les trois quart d’entre eux jugent que la libre circulation des personnes a eu un impact positif sur leur activité. Ça compte ! Mais à un moment, il faut savoir ce qu’on veut. À vouloir tuer la concurrence, on finit par tuer son marché.
Tancrède Blondé.