En 10 ans, que ce soit en matière d’investissements, d’emplois, de demandes de crédit, les PME ont serré les cordons de la bourse partout où elles le pouvaient. Une tendance que la crise a évidemment aggravée.
Le temps est au bilan. Réalisé par KMPG pour la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), une étude se concentre sur l’évolution des leviers de croissance des PME Françaises au cours de la dernière décennie. Tout y passe: innovation, export, emploi et financement. Et le résultat n’est pas très encourageant.
D’abord les bons points : la France crée plus d’entreprises qu’il y a 10 ans. Autour de 200.000 naissances en 2000, le nombre de création d’entreprises annuel atteint les 300.000 en 2007… avant de se hisser à un nouveau sommet jamais gravi auparavant (600.000), grâce à l’arrivée du statut d’auto-entrepreneur. La dernière décennie a définitivement prouvé que la France était un pays d’entrepreneurs
Les PME françaises se retirent à l’international
Les PME Françaises n’ont pas non plus à rougir de leur créativité. Il faut dire qu’elles y a mis le prix. Entre 2005 et 2009, les PME ont augmenté les dépenses en recherche et développement de 35%. Résultat en à peine trois ans, le nombre de demandes de dépôts de brevets par des petites et moyennes entreprises a augmenté de 18%. Elles restent minoritaires par rapport aux grandes structures, mais la tendance va dans le bon sens.
En revanche, si les PME restent inventives elles ont toujours du mal à partir à l’abordage des marchés étrangers. Pire, nombre d’entre elles sont revenus à la niche. Les chiffres le prouvent. En 2002, un peu plus de 100.000 PME Françaises exportaient, contre 88.000 en…2010. À titre de comparaison, l’Allemagne a multiplié par 4 le nombre de ses entreprises exportatrices, au nombre de 364.000. Ça laisse songeur.
Les PME Françaises sont des « chats maigres »
Pourquoi un tel retrait ? Parce que l’export coûte cher. Or, l’étude montre qu’en 10 ans les petites PME ont régulièrement réduit leurs investissements. Un peu plus de cinq dirigeants sur dix affirment en 2011 avoir réalisé un investissement. Ils étaient 70% à le clamer en 2007. Comment, dans ces conditions, avoir un esprit de conquête à l’international.
D’autant qu’une réduction des investissements signifie également une demande de crédit moindre. Aujourd’hui, un dirigeant sur trois déclare s’autocensurer dans l’accès au crédit. Et, de l’autre côté de la table, le banquier se méfie et rabote les prétentions des demandeurs, que ce soit par des crédits moins élevés, des frais plus élevés ou des demandes de garanties plus sévères. Résultat, les PME sont des « chats maigres ».
Aujourd’hui, les PME ne représentent que 23% des investissements de l’ensemble des entreprises Françaises. Trop peu en tout cas, pour atteindre le stade d’ETI et ainsi concurrencer l’Allemagne.
Tancrède Blondé