Les élections présidentielles terminées, Laurence Parisot, dirigeante du MEDEF, explique ce qu’elle attend de François Hollande au cours des cinq prochaines années au micro de BFM TV.
Pour la première depuis son accession à la direction du MEDEF en 2005, Laurence Parisot aura un Président socialiste en face d’elle à la table des négociations. L’heure est donc aux positions de principe. Sur l’Europe, elle considère que François Hollande « n’a pas tout à fait tort » de vouloir intégrer la croissance au pacte de stabilité. Mais « pour cela, il faut avoir un esprit Européen » précise-t-elle. Façon sibylline de dire qu’elle espère voir davantage de fédéralisme au niveau communautaire.
Au niveau national, Laurence Parisot souhaite rencontrer au plus vite le prochain gouvernement, connu probablement début de semaine prochaine. Non seulement pour définir l’agenda social mais également pour continuer les négociations avec les syndicats à propos des accords compétitivité emploi. « Nous sommes impatients de nous y mettre » avoue-t-elle.
« J’attends beaucoup du Président de la République »
Mais il y aura forcément des sujets de friction avec François Hollande. Notamment sur le retour de la retraite à 60 pour ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans et qui sont à jour dans leurs cotisations. « Nous regrettons cette position » déclare Laurence Parisot. Elle juge qu’il n’est pas possible « de revenir sur cette réforme sans prendre de risques » au niveau budgétaire. Mais la dirigeante du Medef garde la porte ouverte sur les retraites complémentaires, dont la négociation avec les autres syndicats devrait s’ouvrir sous peu.
Sur la question des rémunérations des dirigeants, Laurence Parisot prend en revanche un ton plus solennel. « J’attends beaucoup du Président de la République ». Car « l’écart de point de vue » semble, à ses yeux, irréconciliable. Autant dire que la proposition de François Hollande de mettre un ratio de 1 à 20 entre le salaire du dirigeant et des employés dans l’entreprise publique n’a pas ses faveurs. Même si, précise-t-elle, c’est à « l’État de définir la rémunération de ses dirigeants ».
« Attention à ne pas tarir le capitalisme !»
Enfin, Laurence Parisot réclame à François Hollande de ne pas augmenter les prélèvements obligatoires des PME. « Nous sommes les entreprises les plus chargées en Europe ». Pour elle, la proposition du nouveau Président élu d’augmenter la CVAE qui « est la suite de la taxe professionnelle » doit être abandonnée. Elle regrette par ailleurs l’abandon inéluctable de la TVA sociale qui aurait renforcé la compétitivité des entreprises.
Quant à l’augmentation de l’ISF prévue dans le programme de François Hollande, Laurence Parisot rappelle que « la fiscalité des particuliers ne concerne pas le Medef ». Néanmoins, l’ancienne dirigeante d’Ipsos prévient : « Attention à ne pas tarir le capitalisme !» et donc les capitaux. « Les entreprises ont besoin de financement, de business angels». Marc Simoncini, ancien patron de Meetic et maintenant investisseur, ne dit d’ailleurs pas autre chose.
Tancrède Blondé
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