À l’occasion d’une conférence organisée par l’Institut de l’entreprise intitulée « Emploi des jeunes : comment (enfin) relever le défi ? », l’actuel ministre du travail, Xavier Bertrand a demandé aux grandes entreprises de jouer le jeu de l’apprentissage.
« Je ne m’excuse pas, je m’explique ». Défendre le bilan du chômage n’est pas de tout repos quand on s’appelle Xavier Bertrand et qu’on exerce la fonction de ministre du Travail sous Nicolas Sarkozy. D’autant que le taux de chômage des jeunes qui s’élève à 22, 5% au 4ème trimestre 2011 fait office de grosse écharde dans le pied de la majorité sortante. Mais, « si pleins de choses restent à faire » selon Xavier Bertrand, le ministre ne « veut pas que l’on noircisse le tableau ».
Françoise Gri, présidente de ManpowerGroup Europe du sud, vient, sur ce sujet précis, à la rescousse de Xavier Bertrand : « dans tous les pays, le chômage des jeunes est deux fois plus élevé que le chômage général ». Manière de dire que le gouvernement n’est pas le seul responsable de cette triste tendance. Néanmoins, Françoise Gri, pointe le problème de la rigidité du marché du travail français « qui protège ceux qui sont en entreprise » et donc coupe l’accès des jeunes au marché du travail.
800.000 apprentis si la loi est appliquée
Pour y remédier, Xavier Bertrand aspire à « intégrer l’entreprise dans l’école » et ce bien avant le stage obligatoire en troisième. Et cela passe, à ses yeux, par l’apprentissage. Car si l’école doit transmettre les valeurs républicaines, elle doit également « préparer à un métier ». Or, si les petites entreprises prennent des apprentis « alors qu’elles ne sont pas obligées », les grandes elles, « ne jouent pas le jeu de l’apprentissage ». Pour preuve, Xavier Bertrand explique que si elles appliquaient la loi, « on serait à 800.000 apprentis » et non 600.000. « Autant de chômeurs de moins qui se formeraient à un métier » explique Xavier Bertrand.
Quant à ceux qui n’empruntent pas la voie de l’apprentissage et qui peinent à obtenir cette fameuse première expérience, le ministre affirme qu’« abaisser le coût du travail permet d’écrire plus facilement cette première ligne ». Même si, en convient-il, « cela ne règle pas tout ».
Mais le gouvernement, quelle que soit sa couleur politique, ne peut pas tout. « Ce sont les entrepreneurs qui créent les emplois de demain » rappelle Xavier Bertrand. Et s’ils ne peuvent pas embaucher « efforcez-vous au moins de répondre à toutes les demandes ». Avoir une réponse, c’est avoir été entendu.
Tancrède Blondé