En ce Startup Weekend qui a lieu en Bretagne, la rédaction Widoobiz vous propose de vivre l’évènement en continue. En partenariat avec Anne-Julie Gilles de VitalTag, découvrez les coulisses du Startup Weekend Bretagne :
Vendredi 9 mars 2012
16h54 : arrivée à Rennes pour le Startup Weekend breton : #swbzh. Encore un peu plus d’une heure et la tension monte doucement… Bientôt le pitch tant redouté !
Très sympa, plein de bon conseils… Je vous fais un rapide résumé :
- Le vrai atout du week end c’est le networking, discutez, partagez, votre groupe n’est peut être pas le seul avec qui vous monterez une startup.
- Tout n’est pas dans le produit, sa mise en place ou même sa qualité. Le succès dépend d’une chose : répondre à un besoin.
- Ne laissez pas tomber ! On a tous des moments où on se dit “tout est à refaire” mais soyez tenace, stick to it and ride the storm.
- Créez un produit viable, pensez au business model.
19h15 : départ des pitchs, une ligne se forme à droite du l’estrade, chacun attend son tour l’estomac un peu noué. Dès le départ deux social games ! Ça va très vite, quelques problèmes de micro et de très belles idées… Je remarque que mes préférées dépendent plus des pitcheurs que du produit. Un hackeur fou qui rêve de Domotique et veut parler à ses objets domestiques (maintenant cafetière, un expresso !), et un professionnel de la plaisance au feeling très aventureux qui veut rassembler toutes les infos sur les croisières en un site web. Certains sont à l’aise et lancent même quelques blagues, d’autres se tétanisent, bafouillent mais restent tenaces, ils expliqueront leur idées jusqu’au bout ! Soudain c’est mon tour… Je récupère un bracelet en silicone et me prépare à l’utiliser pour illustrer mon pitch. Une minute, ça va très vite mais je tiens la corde, je vous le résume aussi simplement que possible.
Aujourd’hui si mon fils a un malaise dans la rue il peut mourir. Comme lui plus de dix millions de Français ont une condition médicale, une allergie, un traitement qu’ils doivent expliquer au personnel de santé. Alors que se passe-t-il s’ils sont inconscient ? Il n’y a pas encore de vrai solution, et c’est pour cela que j’ai crée le Médi-tag, un bracelet en silicone muni d’un QRcode personnalisé. En cas d’urgence le personnel de santé n’a qu’à le scanner grâce à un smartphone, il aura alors accès aux données vitales de son patient, immédiatement.
J’en rajoute encore un peu mais l’idée est là, et j’espère répondre à un véritable besoin.
20h : c’est l’heure des pizzas ! Délicieuses mais le repas n’est pas de tout repos, il faut parler au plus de gens possible afin de s’assurer qu’ils savent qui je suis et leur donner l’occasion de poser des questions sur mon produit. Près de dix personnes m’abordent ou écoutent attentivement mes explications, un bon début. J’accoste les autres, j’interagis, je me lance… Au total le feedback est très positif, deux personnes m’ont même dit prendre le projet à coeur car très concernés, ils font partie des dix millions qui ont besoin du Médi-Tag.
20h30 : rassemblement général il est temps de voter pour les projets ! Notre outil : 3 posts-it à distribuer selon notre aspiration, je mets les miens immédiatement sur mon affiche mais… ou est mon affiche ? Ils m’ont oublié ! Je sors alors mon porte document Batman (oui, c’est la classe) et me perche sur un pot de fleur : « Si vous cherchez Médi-Tag c’est par là ! » Il faut se battre pour récupérer les post-it, beaucoup sont venus en équipes alors certains projets sont déjà largement plébiscités mais je gagne les miens un à un, très péniblement. L’angoisse me prend, après tout ce bon feed back mais où sont les post it ?
21h15 : l’heure de faire les comptes… L’organisation prend la parole et le suspense n’est plus très long, sur les 18 idées présentée 11 ont étés retenues. La liste démarre, les applaudissements fusent à chaque nom mais Medi-Tag n’est toujours pas cité ! Ils me font languir jusqu’à la fin en me citant en dernière mais je suis tellement ravie que je ne m’en plaint même pas. Je cherche des yeux ceux qui avaient aimé mon concept, il est déjà temps de créer les équipes ! Le rassemblement est laborieux mais je suis contente du résultat. De la graine de bizness avec deux jeunes dont Hugo, élève de l’ESC Rennes et deux entrepreneurs plus expérimentés me rejoignent.
A noter Quentin qui n’est pas sûr de pouvoir aider. Sa spécialité ? Consultant pour aider les restaurateurs à atteindre la rentabilité… Je le rassure tout de suite, il y aura du boulot pour tout le monde, et je suis sure qu’il apportera sa pierre à l’édifice. Au dernier moment nous avons une touche de choix, myriam nous choisit. Photographe et en passe de devenir désigner, c’est elle qui a dessiné le logo de l’évènement ! Pas de développeur mais on devra faire avec, ça nous laisse quelques contraintes techniques compliquées à gérer mais je fais confiance au principe du startup week end, on ira demander aux autres équipes….
D’autres ont le même problème, les developpeurs sont rares et le système D va être de rigueur.
22h et nous voila dans une salle de classe prêt à rentrer dans le dur ! On se présente, on exprime aussi ses attentes quand au projet, plusieurs sont intéressés sur un partenariat à long terme, deux sont prêts à jouer le jeu pour le week end, mais sans doute pas au delà. On reparle du produit, du chemin client aussi, plein d’idée fusent :
“et pourquoi pas la technologie NFC ?”
“ça n’existe pas déjà pour les casques de motards ?”
Heureusement j’ai souvent déjà pensé aux remarques qui fusent et j’exprime le pourquoi de mes choix, bref je défend mon produit comme je l’ai pensé. Mais la conversation évolue, c’est vrai que je suis loin d’avoir pensé à tout, et ils ont de drôlement bonnes idées !
J’expose deux impératifs :
- Les données des patients ne doivent jamais être sur le net ! Sinon il faut passer par la CNIL et la sécurisation (très lourde) des données.
- Le produit doit être le moins cher possible, il répond à un besoin de santé et je veux ainsi qu’il soit disponible à tous les revenus.
J’explique un petit plus, qu’il n’a pas été possible d’exprimer en une minute :
- Le concept de solidarité. Je sais que des gens ont besoin de porter un Médi-Tag (bracelet d’urgence) mais je ne veux pas qu’ils soient stigmatisés, que le bracelet provoque la curiosité ou les commentaires. Alors je porte un bracelet moi aussi, même si tout ce que je peux y mettre c’est mon numéro de sécurité sociale, mon groupe sanguin et les coordonnées de quelqu’un à contacter en cas d’accident.
- Il est possible d’allier un projet business à des valeurs de communauté, Cédric et Guillaume sont d’ailleurs très intéressé par cet angle, ils sont eux mêmes investit dans des actions communautaires ou sociales.
- Mais alors ou est le business model ? Je leur montre une impression que j’ai faite avant de partir, plein de photos de bracelets mode de types très différents. Le principe est que l’utilisateur peut transférer son QRcode d’un bracelet à l’autre, comme un bijou normal. On a donc un produit à coût minimal pour répondre à un besoin social, mais aussi une collection de bijoux annexes à créer !
23h30 : en deux petites heures on apprend à se connaître et je vois avec plaisir l’équipe s’approprier le projet, des solutions qui me paraissaient réfléchies et logiques sont jetées aux lions et tout doucement le produit s’affine pour devenir plus qu’une idée. A minuit quand les orgas nous demandent gentiment de quitter les classes nous atteignons un consensus, une solution parfaite qui permet à l’utilisateur de créer son QRcode et de le faire imprimer sans utiliser de bases de données internet.
Samedi 10 mars 2012
01h : On a la chance de pouvoir dormir dans le foyer de l’école. Je sors mon sac de couchage, prend une douche et me remet au travail !
02h43 : Mais il est presque trois heures du matin et je viens de finir le debrief… Encore à faire une liste de tasks à se répartir dès 9h demain, et que mettre sur notre site web vitrine ? Allez je continue seule…
On a pas encore de nom… Par contre, on sait qu’il va faire économiser des minutes de sommeil aux utilisateurs !
Nous développons une application pour que les réveils soient plus fun ! Cette application parle, pour nous indiquer l’heure, la météo, notre emploi du temps, et poursuit sur une playlist ou la radio de notre choix. Il suffit de lui dire (à l’oral) de décaler le réveil de 5 minutes pour que le changement opère. Dans la version gratuite, le réveil se règle automatiquement en fonction de l’emploi du temps de l’utilisateur et du temps que ça lui prend pour se préparer le matin, afin qu’il arrive à l’heure à son premier rendez vous.
Cela ne s’avère pas aussi simple… Difficile de s’exprimer clairement dans l’agitation ambiante, après quelques essais on remarque vite que l’idée plait beaucoup aux 20-30 ans, avant c’est difficile, les jeunes nous disent très clairement non. On présente le coté solidaire, si tous ceux qui ont un bracelet ont une pathologie on ne fait qu’attiser une curiosité mal placée et encourager à les stigmatiser. Alors une solution, si le bracelet VitalTag est nécessaire pour certains alors je le porte aussi, je suis solidaire ! Pas très enclins nous abandonnons les moins de vingt ans et repartons vers notre coeur de cible.
Leçons apprises :
– On a pas tous les mêmes besoins. Difficile de se motiver et de croire en son concept et de voir que certains ne lui accordent même pas un regard. Guillaume perd un peu espoir, lui qui croit au concept solidaire, à l’entrepreneuriat social.
– Il faut développer le coté mode du bracelet, qu’il soit attirant pour les femmes, utile pour les hommes (montre en silicone ?)
Une expérience positive : De nombreuses personnes ont aimées VitalTag ! Surtout ceux qui sont directement concernées à cause d’un problème de santé ou qui sont sensibilisés par une connaissance ou un proche qui en aurait besoin. On arrive à leur glisser que porter sur soi son groupe sanguin et le numéro d’une personne à contacter est un atout, ils se laissent séduire.
21h00 : On rentre pour le diner, fatigués on a décidé de rentrer après avoir échangé avec un groupe particulièrement enthousiastes et notre moral est bon. Ca tombe bien on fait une très longue pause et engageons la conversation avec d’autres membres du Startup Weekend Bretagne, ou en sont leur projet, quelle charge de travail… Autour d’une partie de billard les supers orgas (élèves de l’ESC Rennes) sous servent des galettes jambon Fromage, rires et détente sont également au menu.
22h30 : on dit au revoir à Myriam et Quentin qui repartent vers Nantes (notre graphiste émérite habite dans le sud et prend l’avion demain matin) et on repart bosser. Objectif immédiat : finir le Canevas model, aucun d’entre nous n’est vraiment familier avec l’outil alors on a un peu laissé trainer mais cette fois on s’y met de bon coeur.
23h45 : Cédric est rejoint par sa femme Françoise qui ne participe pas mais me donne plein de bon contacts qui me seront précieux un peu plus tard sur le projet.
Dimanche 11 mars 2012
01h00 : Canevas terminé et rapidement nous ne sommes plus que quatre, un peu de détente et nous entamons de nouvelles taches.
03h00 : grosse discussion avec un autre participant, sur leur projet, sur le mien… et sur l’entrepreneuriat en général. On adore autant l’un que l’autre le format Startup Week end et l’énergie qui s’en dégage !
04h00 : Je me lance sur le chiffrage du produit, combien ça coute, combien ça rapporte, les anglais appellent ça des P&Ls et Xcel est mon ami !
J’ai été obligée de me concentrer sur bien d’autres choses à partir de 09h… Plus le temps d’écrire pour Widoobiz, juste quelques notes par ci par là afin d’être sure de ne rien oublier. L’évènement est une sorte de Whirlpool qui t’emporte et c’est tellement excitant que tu te laisses emmener avec plaisir ! les idées fusent et les collisions sont fréquentes. On travaille la présentation finale…. 5mn pour tout dire, ou plutôt pour convaincre ! La tâche est ardue et toute l’équipe s’y met.
– On pose le problème et notre cible client : Plus de 10 millions de français ont une condition médicale, une allergie, un traitement dont ils doivent parler au personnel de secours en cas d’urgence, mais que se passe-t-il s’ils ne sont pas conscients ?
– Paul qui s’occupe du coté technique explique le produit et la solution technique :Un bracelet en silicone avec un QRcode gravé qui une fois scanné permet d’accéder au contenu entré par le patient (son médecin ou sa pharmacie).
On fait une démo de l’application réservée au personnel soignant qui accède à une page rassemblant photo et identité à un profil santé qui affiche par ordre de priorité les info importantes lors d’une prise en charge en urgence.
17h30 : Je commence à répéter les prés commencent dans 30mn et c’est court.
18h00 : On apprend qu’on passe en dernier, plutôt cool pour s’imprégner du texte mais c’est dur de rester concentrer, surtout quand l’event prend beaucoup de retard…
Aucune idée de l’heure à laquelle on passe. On y va à fond, on déroule la « pres » au mieux même si j’ai beaucoup de progrès à faire sur l’élocution ça ne se passe pas si mal. Reste cinq minutes de questions et elles ne sont pas très nombreuses mais les juges sont cuits…
Les questions sont sur le chiffrage (que j’ai oublié d’aborder pendant la pres…) notamment sur la difficulté de pousser les utilisateurs à entrer leur données mais surtout d’assurer que les acteurs de santé utilisent cette application. Notre solution, un partenariat fort avec les acteurs de santé afin de leur apporter une réelle plus-value (éviter le doublon de prise de données, utilisation du smartphone pour éviter un nouvel appareil dans l’ambulance…).
Tout le monde applaudit et félicite les gagnants qui l’ont bien mérité ! Un super buffet est dressé dans les magnifiques locaux de l’ESC Rennes, l’occasion de débriefer avec les organisateurs, jury, mentors et tous les autres participants.