La peur est-elle bonne chez l’entrepreneur ?

La peur est-elle bonne chez l’entrepreneur ?

Publié le 17 février 2012

200 entrepreneurs étaient réunis le 2 février dernier autour du thème « l’entrepreneur et la peur ». Un colloque organisé par le cabinet de conseil Valexcel qui a permis de rompre avec certaines idées reçues.

Ni un homme, ni une bête : une statue ! Dans l’imaginaire collectif, l’entrepreneur est un aventurier des temps modernes, aux rêves les plus fous et qui se nourrit de la peur. Nous n’allons pas dire qu’ils n’en existent pas mais comme l’a écrit Michel Audiard : « il y a aussi des poissons volants mais ils ne constituent pas la majorité du genre ! » C’est pareil pour les entrepreneurs. La peur rôde et évidemment aux moments cruciaux. En particulier « lors du lancement ou même de la transmission de son entreprise » explique Olivier Menu, associé fondateur de Valexcel.

Mais la peur chez un entrepreneur surgit généralement « à l’occasion d’un contrôle fiscal ou d’une levée de fonds périlleuse » comme l’avoue Élodie Brasile, jeune créatrice de l’agence de communication Freetouch. D’ailleurs comment en serait-il autrement ? Problème raconte-t-elle : « j’ai mis en danger tout le monde ». Le manque d’expérience, la jeunesse explique-t-elle, mais surtout la peur. Celle qui bloque, celle qui inhibe ! Mais il faut bien avancer. Les entrepreneurs n’ont pas le choix ! Résultat, la peur « s’est révélée comme un tremplin pour réinventer le modèle économique de l’entreprise et avancer ».

« Mon rôle de dirigeant est de protéger mes salariés »

Comment ? « Je l’ai [la peur ndlr] toujours partagée avec mon équipe de travail pour puiser les ressources nécessaires et rebondir ». Une bonne réaction selon Christophe Caupenne, ex-Commandant chef de groupe Négociation au Raid, qui a comparé la peur de l’entrepreneur à celle ressentie lors des interventions de ses équipes sur des théâtres d’opérations. «Elle ne peut être dépassée que par le collectif » assure-t-il. Et surtout, « la peur doit aider à identifier les sources de risque. C’est seulement à ce moment qu’elle « devient un levier pour mener à bien une mission (ou un projet entrepreneurial) ».

Mais si la peur disparaît chez l’entrepreneur, elle reste généralement chez les salariés. Surtout en cette période de marasme économique, où la promesse de nouveaux emplois vaut autant qu’un titre de la dette souveraine grecque. Pierre Moret, dirigeant de Verand’Art, le reconnaît même si son « unique peur est relative à l’humain, à l’intégrité physique des mes équipes sur les chantiers. Mon rôle de dirigeant est de protéger mes salariés pour qu’ils rentrent entiers chaque soir ». Sinon il a n’a pas peur pour son entreprise.

« Il n’y pas de place pour la peur »

Pour Corinne Pichard, dirigeante de SSIRCA, activité fondée sur la gestion des problématiques humaines dans l’environnement professionnel, «  le rôle du dirigeant consiste dès lors à co-construire un projet entre des individus dont les peurs reflètent des visions et des envies différentes. Autrement dit, leur transmettre une peur « utile », celle qu’ils peuvent contrôler et, forcément, dépasser.

Car, au final, si le parcours d’entrepreneur est semé d’embûche, il n’en reste pas moins qu’il « n’y a pas de place pour la peur » selon Vincent Gruau, Président de Majencia. Il va même plus loin : « Dès lors que le chef d’entreprise commence à ressentir la peur dans son expression la plus physique, par le blocage de la réflexion, de la décision et de la mise en action, c’est qu’il doit passer la main. Ma pire crainte est finalement de ne pas déceler ce signal, ce moment clé! ».

Et vous, quelle a été votre plus grande peur d’entrepreneur ?

T.B

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