Le 20 septembre dernier, une table ronde était organisée à l’initiative d’Aston, PME française sur le marché de la télévision numérique, pour définir les leviers de succès pour les PME françaises innovantes. Avec comme objectif simple : contribuer à mieux porter le point de vue des PME.
A l’occasion de ce débat, différents acteurs de la vie économique, très sensibilisés sur le sujet, sont intervenus pour partager leur expérience et faire part de leurs propositions : Thomas Courbe, directeur de cabinet de Pierre Lellouche, secrétaire d’état chargé du commerce extérieur. Florence Joseph, Cabinet Alma Consulting Group. Stéphane Nitenberg, directeur général d’Aston. Patrice Noailles, Délégué du Comité Richelieu. Hervé Novelli, député d’Indre et Loire, ancien ministre en charge des PME. Philippe Peyrard, directeur général délégué d’Atol, les opticiens. Elisabeth Puissant, directrice de la mission économique UBIFRANCE en Russie
3 thèmes principaux ont été évoqué lors de ce débat: la Compétitivité industrielle et la Production en France, le financement à l’innovation notamment par le Crédit Impôt Recherche et le développement à l’export.
Le « Made in France » crée de la richesse en France tout en étant compétitif
Le maintien d’une industrie forte est un enjeu majeur pour la France. La croissance à long terme en dépend. Outre la sauvegarde des emplois, conserver une production compétitive contribue à maintenir l’Innovation en France. Les atouts industriels du pays sont indiscutables, à condition de savoir adapter notre Marketing Industriel : mieux segmenter les marchés, distinguer ceux à valeur ajoutée, créer de petits et moyens volumes, s’assurer l’identification des bons partenaires. Le « made in France » pour les PME passe là.
L’expérience d’Aston en ce domaine l’illustre parfaitement. En 2010, la PME installe, en partenariat avec un industriel, une partie de la production de ses récepteurs HD en Alsace. La mutualisation des achats de composants, l’optimisation des process de production et l’économie réalisées sur les droits de douane, a permis de compenser le surcoût de main d’œuvre, inhérentes à une Production en France. Mieux, elle a gagné entre 7 et 10% en termes de compétitivité !
Philippe Peyrard, directeur général délégué de la société Atol les opticiens a relocalisé la production de ses montures haut de gamme dans le Jura. Selon lui, les français sont prêts à payer 15 à 17 % plus chers une lunette « made in France ». Bien entendu, à condition d’apporter Innovation et Valeur Ajoutée au produit. Atol a donc travaillé avec ses partenaires spécialisés dans l’industrie lunettière pour concevoir des modèles sans vis ni soudure. Résultat : le coût de revient des montures a diminué et lunette est vendu à un prix répondant aux critères du marché.
Mais davantage de leviers peuvent encore être activés. Comme l’a souligné Hervé Novelli, des progrès doivent être faits dans la législation, le travail et l’investissement (R&D). Patrice Noailles du Comité Richelieu prône un rapprochement substantielles entre les Grands Groupes et les PME. Néanmoins il n’y a pas de secret, seuls les produits à haute valeur ajoutée peuvent absorber les coûts de Production en France.
Le Crédit Impôt Recherche : un outil essentiel pour le financement et l’innovation des PME
Toutefois, l’Innovation coûte cher. Alors comment la financer ? Selon Hervé Novelli, le Crédit Impôt Recherche est une des solutions. Simplifié en 2008, ce dispositif a permis à 2 700 entreprises de financer leur Recherche et Développement en 2009. Or seulement 30% des bénéficiaires sont des PME. D’autant plus que, fait non négligeable, le CIR est également un booster pour l’emploi. 38% des entreprises françaises ayant eu recours au CIR déclarent avoir augmenté de 50% le nombre d’innovations commercialisées et près de 49% ont augmenté leur effectif de R&D selon Florence Joseph du Cabinet Alma Consulting Group.
Avant sa simplification en 2008, Stéphane Nitenberg avoue qu’il lui était impossible de l’envisager. Désormais, grâce au CIR, 30 % des dépenses en R&D d’Aston sont remboursées ou déduites fiscalement. Des économies qui ont entraîné le recrutement de 3 ingénieurs, toujours pour renforcer sa capacité d’innovation. Le CIR lui a permis d’amoindrir les risques de dépenses d’investissement qu’il n’aurait pas pris tout seul.
Néanmoins, il faut garder en tête que le CIR doit s’inscrire dans une stratégie complète. D’abord, afin d’aider les PME à protéger leurs innovations, et donc leurs investissements. La ratification du protocole de Londres a déjà simplifié les procédures au niveau européen de dépôt de brevet. Auparavant, un véritable casse-tête pour les PME. Mais beaucoup reste encore à faire. Le périmètre du CIR peut encore être élargi afin d’intégrer l’Innovation à part entière. Un projet très soutenu par le Comité Richelieu, qui propose l’instauration d’un Crédit Impôt Recherche Innovation et Partenariat.
L’Export comme levier de croissance commerciale
L’innovation française s’exporte malgré les différents freins rencontrés lors de la conquête de marchés à l’International. « Le Made in France fait vendre à l’étranger » souligne Elisabeth Puissant. Et toujours les mêmes : « 4 PME exportatrices sur 5 sont des entreprises innovantes ! » rappelle Thomas Courbe. Afin de lever les craintes des PME à l’égard de l’Export, les solution sont nombreuses.
La simplification des démarches administratives à l’export est aujourd’hui assurée par le guichet unique et le médiateur de la sous-traitance. Les PME sont ainsi conseillées et guidées à travers un interlocuteur unique dans chaque région. Par ailleurs, Ubifrance propose aux PME de rencontrer les acteurs économiques locaux et ainsi de comprendre le marché. Une mesure qui marche ! Les PME exportatrices sont passées de 3 000 à 20 000 en 3 ans. Enfin, une rationalisation des offres de financement public à l’export, telles que la Coface, Oseo et Innovex doit être effectuée pour parvenir à un dispositif unifié et simplifié.
La mise en place de cadres économiques, fiscaux ou juridiques favoriserait aussi la création de liens entre entreprises pour mieux se battre à l’étranger. « Plus qu’un portage ou qu’un rapport de sous-traitance, il s’agit ici de développer une véritable relation de partenariat entre les Grands Groupes et les PME, voire entre les PME elles-mêmes », explique Stéphane Nitenberg. Ainsi, les PME seraient moins isolés dans leurs démarches. Et pourquoi pas, mutualiser les moyens afin de démarrer sur le marché cible.
« En tant que petite structure, le plus difficile sur un marché à l’étranger est d’amorcer les premières phases de commercialisation. Une fois ce cap passé, nous avons les compétences et les ressources pour développer notre activité sur le marché local de manière autonome. Il est indispensable que les PME conservent leur liberté de choix stratégique et leur indépendance d’actions », conclut Stéphane Nitenberg.
Recherche systématique de l’Innovation, pérennité des dispositifs existants, simplification des démarches administratives, mise en place de vrais partenariats Grands Groupes / PME et synergies entre PME : tous ces leviers rendent les PME françaises plus compétitives et imposent leurs solutions à l’international… La compétitivité de la France mérite bien ça !