Louis de France, duc de Bourgogne (1682-1712), fait partie de ces personnages qui auraient pu être. Petit-fils de Louis XIV et père de Louis XV, il avait devant lui un destin royal dont il ne restera que des rêves de réformes. C’est ce prince méconnu, souvent caricaturé, que met en lumière Jean de La Rochefoucauld dans une biographie publiée aux éditions Perrin.
Alors qui était, en quelques mots, ce Duc de Bourgogne ? Éduqué sous la tutelle de Fénelon, le prince reçoit une formation imprégnée des idéaux de justice et de modération, idéaux qu’il gardera avec lui à l’âge adulte. Ses contemporains, Saint-Simon en tête, voient en lui le potentiel d’un monarque éclairé, capable de réformer un royaume épuisé par les guerres incessantes de Louis XIV.
A cette réputation flatteuse, d’autres opposent une piété excessive, une certaine faiblesse de caractère, une indécision, et surtout une responsabilité (directe ?) dans la défaite catastrophique d’Audenarde en 1708. Entre ces deux légendes, impossible de trancher, puisque le Prince, héritier de la couronne, meurt jeune et ne régnera jamais. Sa postérité sera souvent une forme d’histoire fiction, où chacun se plait, selon ses intérêts, à imaginer un règne qui ne sera jamais. Réforme de la monarchie pour les uns, continuité passive pour les autres.
Jean de La Rochefoucauld s’attache donc à dépasser cette approche binaire et restitue le duc de Bourgogne dans sa complexité. Il le replace dans une cour de Versailles, pleine de paradoxes, d’intriques et de cabales, une cour qui n’en finit pas de clore la page de Louis XIV en fantasmant un règne à venir qui sans cesse se dérobe.