Alors que l’étude de rémunération publiée en décembre dernier témoignait d’une baisse du volume d’offres d’emploi cadre en 2024, le marché de l’intérim semble lui aussi connaître un ralentissement. Toutefois, quelques disparités sont à noter sur ce marché : Stéphanie Richard, Directrice au sein du cabinet Robert Walters, présente les tendances de l’intérim pour 2025.
Selon cette nouvelle enquête, les 3 raisons principales poussant les professionnels à se tourner vers des contrats en intérim sont l’acquisition de nouvelles compétences (44%), la diversité des missions (32%), et la flexibilité (31%). Autres moteurs évoqués par les répondants à cette enquête : la découverte de différents environnements, ainsi que la rémunération.
« Les candidats avec qui nous échangeons font également parfois le choix de l’intérim pour tester différentes entreprises, aussi bien en termes de secteur que de structure, pour déterminer l’organisation qui leur conviendra le mieux sur le long terme, explique Stéphanie Richard. Pour d’autres, il s’agit d’un réel mode de vie : ces candidats veulent davantage de liberté et de flexibilité, choisir où et quand ils travaillent, pour alterner leurs missions avec des périodes de voyage ou de formation par exemple ». Un constat d’autant plus vrai pour les jeunes générations qui, depuis la période post-Covid, semblent ne plus vouloir autant s’engager qu’auparavant, et privilégient l’absence de contraintes.
Natalia Ozolina, intérimaire au poste d’Assistante de direction, ajoute : « avant de s’engager dans une mission à long terme, l’intérim permet de cerner l’environnement et les nuances du poste, les différents modes de management, et ainsi comprendre ce que l’on souhaite ou pas dans sa carrière ».
Si l’on peut considérer l’intérim comme une solution temporaire, 41% des répondants à cette enquête ne semblent pas envisager d’autres formats de contrat de travail, à court ou moyen terme. En effet, 25% d’entre eux déclarent ne pas vouloir retourner à un contrat en CDI dans les mois à venir, et 16% ne pensent pas le faire avant 1 ou 2 ans. « Le contexte incertain de 2024, tant sur le plan politique qu’économique, a favorisé le choix de solutions temporaires pour les entreprises, et notamment l’intérim, car elles ne souhaitaient pas s’engager sur des recrutements à long terme en raison du manque de visibilité », note Stéphanie Richard.
Une tendance qui pourrait se poursuivre en 2025, où le marché reste tendu, avec de nombreuses défaillances d’entreprises et plans sociaux, générant des ouvertures de postes avec des contrats à court terme. Ainsi, 8 intérimaires sur 10 se sentent confiants quant aux opportunités d’emploi dans leur domaine. Toutefois, de plus en plus d’exigences apparaissent de chaque côté, que ce soit au niveau de la rémunération pour les candidats ou des compétences pour les entreprises.
« Les processus se sont rallongés, avec une multiplication des entretiens, et prennent parfois autant de temps qu’un recrutement en CDI, remarque Stéphanie Richard. Les entreprises ne veulent pas se tromper et sont plus vigilantes quant à la personnalité des candidats. Elles s’assurent également de maintenir une équité salariale au sein de l’organisation, et ne cèdent plus aux exigences parfois trop hautes des candidats ».
Si la rémunération n’est plus le moteur principal des cadres pour changer d’entreprise, il l’est pour les professionnels en intérim. En effet, les trois raisons les motivant à changer d’emploi sont la rémunération (32%), la progression de carrière (18%) et l’amélioration des compétences (18%). « Si à poste égal les rémunérations sont globalement identiques entre les professionnels en CDI et en intérim, ce dernier contrat est plus avantageux en raison de l’indemnité de fin de mission (prime de précarité), représentant 10% de la rémunération brute totale », explique Stéphanie Richard.
Toutefois, quelques inconvénients propres aux contrats en intérim sont à noter, comme l’explique Karima Talchi, intérimaire au poste d’Assistante administrative : « les salaires mettent souvent trop de temps à arriver : le versement de la paie et la réception du bulletin de salaire arrivent tardivement ».