C’est une biographie qui fait du bien. Convenons-en cette rentrée 2025 n’est pas ce qui se fait de mieux en matière d’optimisme. Alors quand Benoît Florin se décide à compter le destin sans pareil du Prince de Ligne, dans une biographie publiée aux éditions Perrin, on se met à rêver d’une époque (hélas faussement) plus légère.
Ce n’est pas faire injure à ce Prince des Lumières que d’acter son caractère finalement très secondaire dans l’histoire. S’il a été partout, de Versailles à Vienne, de Berlin à Moscou, s’il a rencontré les plus grands monarques, les plus fins philosophes, le Prince de Ligne n’a jamais véritablement dépassé le stade de spectateur privilégié. Si on lui connait des faits d’armes, ils restent marginaux, ses intuitions diplomatiques sont quant à elles rarement écoutées. Il est finalement plus proche, dans son héritage, de son contemporain Casanova (avec qui il se liera par ailleurs) que des véritables décideurs du temps. Car le Prince de Ligne, c’est peut être avant tout une certaine idée de l’existence, un art de vivre en somme.
Alors qui était-il ? Maréchal de l’armée du Saint Empire, aristocrate belge et diplomate de l’empereur, Charles-Joseph de Ligne (1735-1814) est un homme de son époque. Intime de la reine Marie-Antoinette comme de la comtesse du Barry, de la tsarine Catherine II comme de Voltaire, de Goethe comme de Casanova, c’est un acteur incontournable du couchant des Lumières et de la naissance du XIXe siècle. À la fois homme de guerre, homme d’esprit et homme du monde, il est aussi resté célèbre pour ses Mémoires et pour son libertinage assumé.
En s’attaquant avec brio à le vie de ce Charles-Joseph de Ligne c’est toute une époque que Benoît Florin fait revivre, une époque avec ses splendeurs et ses travers, une époque qui s’éteint, d’une certaine manière, avec la mort de Ligne lors du congrès de Vienne en 1814.