Sur un marché du jouet de plus en plus concurrentiel et innovant, difficile de se faire une place au soleil. Pourtant, l’entreprise française Tikino, avec son vidéoprojecteur dédié aux enfants, a su tirer son épingle du jeu. À la tête de cette success story, trois co-fondatrices passionnées. Deux ans après un lancement réussi, Tikino revient avec une nouvelle version et des contenus inédits. Rencontre avec l’une des trois co-fondatrices, Laurène Altmayer.
Pouvez-vous nous présenter Tikino en quelques mots ?
Tikino, c’est une alternative aux écrans électroniques, développée grâce à la conception d’un vidéoprojecteur spécialement pensé pour les enfants, associé à un catalogue de contenus ludo-éducatifs. Le projecteur projette des contenus sur le mur ou au plafond, sous forme de vidéos animées avec subtilité, destinées aux enfants de 3 à 10 ans. Nous avons conçu Tikino suite à un constat simple : les appareils électroniques traditionnels, comme les tablettes ou smartphones, ne sont pas adaptés aux enfants, tant au niveau des contenus que de la lumière bleue émise, ou encore de la difficulté de sécuriser ces appareils. Notre objectif était de créer un support sécurisé, sans lumière bleue et avec des contenus adaptés à l’âge des enfants, à la fois beaux et éducatifs. Après deux ans de recherche et développement, nous avons lancé notre produit en 2022. Cette année, nous avons retravaillé le projecteur et lancé une nouvelle version qui répond encore mieux aux attentes des utilisateurs.
Vous êtes trois à la tête de l’entreprise. Comment est née cette rencontre et quel est votre parcours d’entrepreneures ?
Avec Aliénor Bouvier-Lewi, l’une des co-fondatrices, nous étions avocates indépendantes avant de lancer Tikino. J’avais depuis longtemps envie d’entreprendre, mais j’attendais le bon projet. Le sujet des écrans pour les enfants m’a interpelée, car il n’y avait pas de solution adéquate sur le marché. C’est ainsi que nous avons commencé à réfléchir à une utilisation différente de l’image. Thiphaine Le Roy nous a ensuite rapidement rejointes pour nous accompagner dans la création du produit.
Quels ont été les plus grands défis lors de la création et du lancement de Tikino ?
Le plus complexe a sans doute été la phase de conception. Nous devions créer un produit qui réponde à un cahier des charges très précis tout en restant industriellement viable, avec un coût raisonnable. Cela impliquait notamment d’avoir une très bonne qualité d’image, un bon son, un appareil robuste et simple d’utilisation avec la possibilité de télécharger des contenus via Wi-Fi.
Concrètement, comment fonctionne Tikino ?
C’est très simple. Tikino embarque des contenus préchargés et ne nécessite que quelques boutons pour fonctionner. Une fois allumé, le menu se projette au mur. L’enfant peut alors choisir entre plusieurs catégories : des contes et des histoires, des contenus pour apprendre et découvrir, et des activités et jeux. Il sélectionne son contenu et ajuste l’image si nécessaire. Tikino contient environ 3 heures de contenus, et les parents peuvent télécharger des contenus supplémentaires disponibles à l’achat depuis notre catalogue. Une fois téléchargés, ils sont intégrés et embarqués dans l’appareil.
Contrairement à une tablette, nous encourageons l’enfant à être engagé par rapport à ce qu’il regarde. C’est une expérience immersive qui vise à créer un moment spécial à partager, que ce soit en famille ou entre amis. Nous voulions recréer l’émerveillement d’une petite séance de cinéma, tout en rompant avec l’isolement que peut provoquer une tablette.
Tikino fonctionne sans lumière bleue, pourquoi est-ce important ?
La lumière bleue, émise directement par les écrans, fatigue les yeux car elle touche directement la rétine. C’est l’une des principales causes de la fatigue oculaire, notamment chez les enfants exposés trop longtemps et trop près des appareils électroniques. Nous avons conçu Tikino de manière à éviter cette lumière nocive et à proposer des images adaptées au rythme des enfants, sans clignotements ou effets d’animation trop rapides. Ceci contribue grandement au calme et à l’apaisement de l’enfant lorsque l’on éteint l’appareil contrairement à un écran classique.
Comment choisissez-vous les contenus ?
Notre positionnement est à la croisée du divertissement et de l’éducatif. Nous voulons proposer des contenus intelligents, adaptés à l’âge des enfants. Nous avons structuré notre catalogue autour de trois catégories principales : les histoires, les contenus éducatifs (pour ouvrir les enfants à de nouveaux horizons comme l’apprentissage des langues ou la découverte d’autres cultures), et enfin, les activités qui favorisent les moments de partage, comme le yoga, les chorégraphies ou encore les jeux d’ombres chinoises.
Quelles sont vos ambitions ?
Nous voulons enrichir notre catalogue de contenus pour accompagner au mieux les enfants de 3 à 10 ans, tout en respectant notre ligne éditoriale. Nous avons aussi l’ambition d’augmenter la proportion de contenus en anglais et d’apprentissage de la langue et de développer le volet éducatif, en nouant davantage des partenariats avec des maisons d’édition notamment. Nous souhaitons par ailleurs nous déployer plus largement dans les écoles et les hôpitaux, où l’image joue un rôle important dans l’apprentissage et le bien-être des enfants.
Nous réfléchissons également à l’exportation internationale pour 2026, avec une première étape en Europe.