Les romans se suivent et se ressemblent. Enfin pas tous. Avec Pax, publié aux éditions Gallimard, Grégoire Pollet, signe une sorte d’ovni historico-littéraire aussi brillant qu’imprévisible. Avec comme point de départ l’arrivée du Président américain Wilson à Paris en 1919 pour la signature des accords de paix, le livre prend très vite une tangente, faussement incontrôlée.
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Posons d’abord le cadre :
Dans ce voyage littéraire, Grégoire Polet traite la matière historique comme du souvenir personnel, vivant, où tout est intimement lié, tressé, aussi éloignés que les événements ou les personnages puissent paraître. L’écriture circule dans le temps comme le sang dans un corps, descendant dans le dix-huitième siècle, remontant vers aujourd’hui, retournant à 1919… Ainsi chemine-t-on en compagnie de Wilson, qui vient en Europe pour la paix de 1919, mais aussi de Da Ponte, le librettiste de Mozart, qui fait la traversée inverse un siècle plus tôt et s’installe à New York, ou de Goya, de Victor Hugo, de Marcel Proust, qui reçoit le Goncourt justement en 1919 et à qui le narrateur rend une visite importante pour sa compréhension du temps.
Autant le dire clairement, si vous aimez les intrigues linéaires, avec un début, un milieu et une fin, si vous aimez que les évènements s’enchainent avec linéarité, passez votre chemin. Pax, c’est un aller-retour permanent, une forme de tourbillon où les décors et les personnages s’enchainent dans une forme de frénésie, c’est le théâtre imaginaire d’une époque. On pourrait craindre un désordre inutile, une sorte de grand bazar informe et sans direction, c’est sans compter sur la parfaite maitrise de Grégoire Pollet, puisque, d’une manière ou d’une autre, tous ces éléments disparates prennent place dans cette grande fresque.
On pressent que l’auteur a pris plaisir à écrire ce livre, et comme parfois le monde est bien fait, ce plaisir est communicatif.