Rassurez-vous, vous n’êtes pas obligé d’aimer les chiens pour apprécier ce livre, Rodrigo Blanco Calderón se livrant plus à une étude de société qu’à un panégyrique canin. De l’amour des chiens, publié aux éditions Gallimard, c’est avant tout une plongée dans un Venezuela désenchanté, en perte de repères, où chacun se rattache à ce qu’il peut pour donner un sens à son existence.
L’histoire en quelques mots :
À l’ombre du mont Ávila et de son Hôtel Humboldt, Caracas, capitale du Venezuela, est, comme le pays tout entier, en proie à une profonde crise. La ville se vide de ses habitants et s’emplit de chiens abandonnés. C’est dans cette société menacée par la déshérence que le général Martín Ayala confie par testament à son beau-fils, le critique de cinéma Ulises Kan, la mission de mettre sur pied une fondation pour sauver les chiens errants. C’est compter sans l’opposition farouche des enfants du vieux militaire, les jumeaux Paul et Paulina, dont les motivations ne sont, hélas, pas seulement financières.
Avec De l’amour des chiens, Rodrigo Blanco Calderón réussit le pari du roman à plusieurs entrées. Etude sociologique, enquête policière, drame familial, histoire d’amour contrariée… autant d’éléments indépendants qui concoururent à une fresque qui les dépassent. Chiens errants et destins brisés deviennent ici les miroirs d’une société en quête d’identité.
Ce n’est pas sans raison que le roman figure sur la liste du Booker Prize (sous son titre en anglais, Simpatía), tant Rodrigo Blanco Calderón excelle dans cette étude de mœurs incisive et aiguisée.