Souvent montrée du doigt pour ses conséquences potentiellement dévastatrices sur l’économie, l’inflation endosse une fois encore le rôle du coupable. Bien que légitime, cette accusation ne doit pas occulter la nécessité pour les entreprises de mener des restructurations intelligentes afin de mieux anticiper et affronter les prochaines périodes d’inflation. Autrement dit : l’inflation ne peut servir d’excuse, et elle est loin d’être la cause de tous les maux économiques.
La défense des entreprises face à l’inflation
Contrairement aux consommateurs qui ont subi de plein fouet les conséquences de l’inflation ces dernières années, les entreprises avaient, quant à elles, les armes pour y répondre et en atténuer les effets. Diversification des fournisseurs, expansion internationale ou encore utilisation du pricing power, mécanisme par lequel les prix sont augmentés sans faire chuter ses ventes, ont été et sont toujours autant de leviers à disposition des entreprises pour lutter contre l’inflation.
Certaines sociétés sont même allées plus loin en ayant recours à la controversée shrinkflation qui s’opère via la réduction des quantités d’un produit donné tout en conservant ou en augmentant son prix. Ces différents moyens démontrent que les entreprises peuvent naviguer, non sans difficulté, dans un environnement inflationniste sans compromettre leur stabilité financière. Toutefois, n’oublions pas que certaines hausses de prix, à l’image du secteur de l’énergie, ont été inévitables pour l’ensemble de la société et que les effets se font toujours sentir aujourd’hui. Un point de vigilance qui incite à ajouter à cet arsenal une posture résolument proactive lors des périodes d’inflation.
Les entreprises au révélateur
Au-delà des discours catastrophistes entendus ici et là, cette période d’inflation, désormais maitrisée, est venue nous apporter plusieurs enseignements quant à la façon dont les entreprises ont réagi. Les moyens de défense évoqués plus haut ne constituent en somme que des palliatifs, certes efficaces mais insuffisants. En réalité, une majorité d’entreprises n’ont pas déployé de stratégie dédiée et ont fait le dos rond en attendant des temps moins difficiles. Sans critiquer le choix d’une telle posture, elle ne permet pas, en tant que société, de remettre en question certains de ses processus internes. Oui, et malgré les dégâts causés par l’inflation, il est possible voire conseillé d’identifier ses failles pour ouvrir la voie à des restructurations nécessaires.
Cette forme d’introspection a mené nombre d’entreprises à s’extraire du rôle de banque auprès de ses clients. Une posture peu confortable qui sous-entend offrir des conditions de paiement étendues à ses clients, susceptibles d’engendrer des pressions de trésorerie et des risques accrus en période d’inflation. En refusant d’endosser ce rôle, les entreprises se déchargent ainsi de ce fardeau financier supplémentaire au profit d’une plus grande stabilité de leur structure.
Restaurer le cash-flow et sa solidité financière
Maintenir des politiques strictes en matière de conditions de paiement a permis aux entreprises de garder un contrôle ferme sur leur « cash-flow ». Un aspect souvent délaissé et dont les effets positifs immédiats et à long terme sont sous-estimés. On le comprend, la restauration et la gestion du « cash-flow » est véritablement primordiale mais elle est conditionnée à l’optimisation et la réorganisation du processus Order To Cash. L’optimisation des contrats clients, la gestion précise des processus de facturation et la mise en place d’un suivi des factures deviennent ainsi des éléments essentiels pour assurer un paiement rapide et sans complications.
Les entreprises visionnaires reconnaissent que la prudence financière dans la relation client-fournisseur est un pilier stratégique. En évitant d’endosser la fonction de banque, les entreprises se positionnent pour prospérer malgré les incertitudes économiques, établissant ainsi un équilibre entre des relations clients solides et une santé financière durable. D’une certaine façon, et sans éluder ses dégâts sur l’économie, la période inflationniste que nous venons de traverser peut-être perçue comme une opportunité déguisée pour les entreprises ayant fait le choix d’investir dans des ajustements internes judicieux.