Après des mois d’euphorie, aussi bien du côté du nombre d’offres d’emploi que de celui des rémunérations, 2024 sera-t-elle l’année qui marquera la fin de cet engouement ? Alors que le marché de l’emploi semble retrouver un niveau similaire à celui de 2018, le cabinet Robert Walters mène l’enquête dans sa nouvelle Etude de rémunération, revient sur les tendances qui ont marqué le marché du recrutement en 2023, et présente les perspectives pour 2024.
UN MARCHÉ DE L’EMPLOI RESSERRÉ
Retour à la normale pour le marché de l’emploi : après une année 2022 euphorique, le nombre d’offres d’emploi cadre a subi une baisse de 21% en moyenne en 2023. Si les recrutements ont tendance à se complexifier, ils se poursuivent tout de même avec des candidats volatiles, qui postulent au maximum d’offres éligibles : marqués par les augmentations exceptionnelles reçues l’année dernière, ils restent en veille permanente pour ne pas risquer de passer à côté d’une belle opportunité.
VERS UN RÉÉQUILIBRAGE DES FORCES
En effet, toujours confiants quant aux opportunités d’emploi dans leur secteur (76%), 55% d’entre eux souhaiteraient changer d’emploi dans les 12 prochains mois, avant tout pour un meilleur salaire (94%), pour un autre management (46%), l’évolution de leur carrière (25%), et plus de flexibilité (23%).
Mais en 2024, les candidats qui se disperseront dans une démarche opportuniste seront mal perçus par les entreprises, qui ne seront plus prêtes à tout pour recruter. Elles poseront leurs limites et attendront des candidats un réel projet professionnel : ambitions, compétences à développer, etc.
L’IA, NOUVEAU CAPTEUR D’ENGAGEMENT
Après une entrée remarquée sur le marché du travail, l’intelligence artificielle continuera d’évoluer, et cet outil semble être accueilli avec optimisme par les cadres. 79% d’entre eux déclarent ainsi ne pas être inquiets face à cet outil, et plus de la moitié d’entre eux y voit même l’opportunité d’améliorer leur productivité, en automatisant les tâches à faible valeur ajoutée par exemple.
Outre son intérêt opérationnel, l’IA pourrait devenir pour les entreprises un véritable outil de prévision des démissions des collaborateurs. Une information précieuse quand on sait que 32 % des cadres préfèrent démissionner que de se confronter ou exprimer leur désaccord. L’IA permettrait aux managers, échaudés par les récents phénomènes de grande démission, de porter un autre regard sur le positionnement de chaque collaborateur : sont-ils au meilleur poste au regard de leurs compétences ? Quels sont les leviers qui les réengageraient ?
QUÊTE DE SENS ? OUI, MAIS PAS À N’IMPORTE QUEL PRIX
90% des cadres déclarent prêter une attention importante aux valeurs de l’entreprise pour laquelle ils postulent. Cependant, cette étude permet de constater que ces professionnels souhaitent avant tout que leur organisation s’engage sur leur équilibre vie pro/vie perso (84%), puis sur les sujets climatiques et la diversité & l’inclusion (28% et 20%). Si l’on parle de « quête de sens » depuis plusieurs années déjà, il semblerait qu’il ne s’agisse pas encore de la priorité n°1 des cadres en France : c’est bien la rémunération qui reste en tête.
Près de la moitié d’entre eux s’attend ainsi à une augmentation pour l’année à venir, et de leur côté, 53% des entreprises envisagent de revoir les rémunérations à la hausse. Seules 23% prévoient des augmentations supérieures à l’inflation, et on observera un retour à l’individualisation des augmentations.
« Dans ce contexte mouvant, les entreprises sont appelées à faire preuve de courage face à la dispersion des candidats : elles sauront dire non à des attentes toujours plus exigeantes, notamment sur le sujet de la rémunération, et ne seront plus prêtes à recruter des talents qui se présentent sans réel projet professionnel », conclut Coralie Rachet, Managing Director des cabinets Robert Walters et Walters People France.