Film en noir et blanc, Humphrey Bogart, Lauren Bacall, meurtres et détective privé, vieil homme riche et jeunes filles légères…- en résumé les ingrédients du film noir américain par excellence. Mais, avant le film, il y avait les livres. Une littérature qui a gravé dans le marbre les codes d’un genre à part entière et avec elle tout un imaginaire. Retour à la source avec Le Grand Sommeil de Raymond Chandler réédité avec une nouvelle traduction par Gallimard.
Alors l’histoire :
Le richissime général Sternwood engage le détective privé Philip Marlowe pour enquêter sur une histoire de chantage dont est victime sa fille cadette, Carmen. Rapidement, Marlowe découvre que les deux sœurs sont liées par une affaire de jeu et de meurtre à un groupe de gangsters de Los Angeles. Mû par son sens de l’honneur et son dégoût de l’hypocrisie, armé d’un Luger noir et d’un humour caustique, Marlowe est bien décidé à découvrir la vérité.
Impossible pour quiconque a vu le film de ne pas avoir en permanence à l’esprit l’adaptation que fera Bogart du personnage de Marlow. Pourtant le livre (et c’est encore heureux) a sa musique propre, un sens du rythme, de la mise en scène et de la langue. C’est une atmosphère, une sensation qui se déploie de la première à la dernière ligne, un air comme saturé de tensions.
Longtemps connu a travers la traduction d’époque de Boris Vian, le texte dans cette nouvelle mouture retrouve un peu plus de justesse, d’exactitude. Pas de quoi perturber le lecteur pour autant, l’univers et les codes qui, en 1946 avaient ce vent de nouveauté presque licencieuse sont aujourd’hui devenus une norme. C’es finalement le propre des grands livres, de ceux qui à eux seuls créent tout un univers.