Il y a toujours un plaisir particulier à redécouvrir un monument de la littérature. Quelques nouveaux mots ou nouvelles tournures et c’est une compréhension nouvelle d’une œuvre. Les nouvelles traductions ont cette double faculté, donner l’envie à des lecteurs novices de découvrir une œuvre, permettre aux initiés de la redécouvrir. Alors quand Gallimard propose une nouvelle traduction du Docteur Jivago de Pasternak, on ne mâche pas son plaisir et saute sur l’occasion.
Reposons le décor :
À l’orée du XXe siècle en Russie, le jeune orphelin Iouri Jivago se destine à la médecine. Emporté par la marche de l’Histoire, cet homme ordinaire, à l’écoute du monde qui l’entoure, traverse la première moitié du siècle et les événements qui modèlent profondément son pays. Au détour d’un champ de bataille, Jivago retrouvera Lara. Tous deux mariés et habités par la question du bien, ils ne pourront résister à la passion qui les rapproche autant qu’elle les sépare, nouant à jamais leurs existences.
Le docteur Jivago, disons-le d’emblée, n’est pas un livre facile d’accès. Entre les noms des personnages très mouvants (noms complets, puis surnoms, puis dérivés), l’époque troublée (empire, révolution…) et la géographie russe démesurée, on peut très facilement se perdre et renoncer à poursuivre. Mais, pour ceux qui accepteront cet effort de lecture, c’est un monument qui pages après pages se déploie. Un roman russe moderne, véritable tourbillon d’intrigues et d’émotions.
Avec cette traduction inédite, menée avec brio par Hélène Henry, Gallimard donne un vent de nouveauté à une œuvre définitivement intemporelle.