D’un côté, l’adoption de technologies numériques améliore les performances industrielles. De l’autre, l’économie circulaire contribue à la création d’emplois verts et à l’amélioration des performances écologiques des entreprises. Une récente étude* menée par des chercheurs, dont Charbel Jose Chiappetta Jabbour de NEOMA Business School, démontre les bénéfices de l’adoption conjointe de ces deux transformations sur les performances à long terme, à la fois économiques, environnementales et sociales des industriels.
Le sixième rapport d’évaluation du GIEC révèle que l’industrie mondiale est responsable de 24 % des émissions de gaz à effet de serre. Un constat sévère qui s’inscrit dans un contexte marqué pour les organisations par deux transitions majeures : la numérisation et la décarbonation de l’industrie. Face à l’ampleur de ces transformations, les interrogations se multiplient chez les industriels. Quelles actions prioriser en vue d’améliorer sa compétitivité ? Faut-il favoriser une transition plutôt qu’une autre ? C’est pour répondre à ces questions qu’une équipe de chercheurs a mené une enquête au Brésil auprès de gestionnaires d’approvisionnement. Et à la question, « quelle transformation choisir en priorité ? », l’enquête répond : « les deux ».
Deux transitions bénéfiques pour la durabilité des sociétés
D’un côté, la numérisation s’appuie sur le concept d’industrie du futur, ou industrie 4.0 avec pour piliers le cloud computing, l’impression 3D ou encore, le développement de capteurs intelligents. L’adoption de ces technologies apporte de la flexibilité aux industries. « Elle permet de planifier et de suivre en temps réel les procédés, tout en répondu aux imprévus avec agilité », souligne Charbel Jose Chiappetta Jabbour, co-auteur de cette étude et enseignant-chercheur de NEOMA Business School. Autant d’atouts qui démontrent que l’intégration de technologies numériques améliore les performances économiques, environnementales et opérationnelles des entreprises sur le long terme.
De l’autre côté, l’accélération de la transition énergétique et écologique impose aux entreprises d’accroître leurs efforts de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Dans ce cadre, l’économie circulaire – qui ne représente que 9 % de l’économie mondiale – a été identifiée comme une alternative de choix aux systèmes de production linéaires actuels. Son organisation en boucle fermée fait que les déchets des uns deviennent les ressources des autres. « Elle soutient également de nouveaux modèles de production et de services basés sur l’allongement de la durée de vie des produits, le développement de services de maintenance et de réparation, et une meilleure utilisation des ressources. Par exemple en proposant la location de batteries pour des véhicules électriques ou des machines de production ». À nouveau, l’étude démontre que ce type de modèle a un impact positif sur les performances économiques, environnementales, opérationnelles, mais aussi sociales des industriels brésiliens. Car l’économie circulaire génère des emplois verts et des activités entrepreneuriales. Mais qu’en est-il de l’adoption conjointe des deux pratiques ?
Industrie 4.0 et économie circulaire : plus complémentaires qu’opposées
À la question, « quelle transformation choisir en priorité ? », l’enquête répond : « les deux ». Elle prouve en effet que l’adoption conjointe de technologies d’industrie 4.0 et d’un modèle d’économie circulaire est encore plus bénéfique aux entreprises. Celle-ci renforce les effets commerciaux et sociaux positifs observés dans un cas ou dans l’autre. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?
« La modernisation et circularité sont les deux faces d’une même pièce. Dans leur quête de performance durable, les entreprises ont plus intérêt à considérer la valeur totale de cette pièce, plutôt que de décider leur stratégie à pile ou face. Les gains de performances étant plus forts, cela pourrait se traduire à terme par un avantage concurrentiel distinctif. Par exemple, l’ouverture à de nouvelles voies de compétitivité basées sur des chaînes d’approvisionnement circulaires et numériques ».
En outre, les chercheurs précisent que le contexte brésilien s’apparente à celui de 60 % des pays évalués par le Forum économique mondial, pour lesquels la transformation numérique ne fait que commencer. Ces résultats encouragent donc les industriels à combiner les deux pratiques dans leurs développements. Au contraire, l’enquête suggère aux pays dont la démarche numérique est plus avancée, de compléter leur modèle par une stratégie d’économie circulaire. Leur activité s’en trouvera améliorée, répondant aux exigences écologiques et énergétiques accrues dans la perspective d’atteindre la neutralité carbone en 2050.