[A lire] Un pas de deux

[A lire] Un pas de deux

Publié le 24 mars 2023

Derrière tout grand homme, il y a une femme. C’est évidemment un lieu commun, évidemment réducteur, souvent faux, mais en l’occurrence et dans le cas présent, tout à fait vrai. Tout le monde connaît Edward Hopper, ou, et c’est peut être finalement le plus important, a déjà vu une de ses toiles. Hopper, c’est le peintre d’une Amérique fantasmée, rêvée, d’une certaine lumière. Et bien dans Un pas de deux, il n’est question presque que de lui, de cet Edward Hopper vu a travers les yeux de sa femme, Josephine, elle aussi peintre mais dont l’œuvre est tombée, de son vivant, dans l’oubli.

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C’est un long dialogue, où une seule personne parle. C’est une complainte, une ode au temps qui passe et aux désillusions. Dans son dernier roman, Un pas de deux, publié aux éditions Gallimard, Javier Santiso donne la parole à celle qu’on écoute pas, à celle qui finalement ne compte pas. Qui se souvient de Josephine Hopper ? Personne. Qui a vu une de ses toiles ? Personne ou presque. Il n’y en a que pour son mari, cet Edward qu’elle nous donne à voir sous un jour nouveau, intime et désabusé.

Lui le génie, elle réduite à la pose. A lui les lumières, à elle les ombres. Comme deux vies parallèles. Un pas de deux, c’est finalement une longue digression, sans réel but, sans autre finalité que celle d’exister quand même un peu. Si Joséphine n’est plus rien, il lui reste toujours son journal, où elle rejoue les scènes. Celles de joies, plutôt rares, celles de fuites, si présentes. Une vie dans le sillage du grand homme, qui prend toute la place.

Avec ce roman qui finalement n’en est pas un, Javier Santiso se fait donc mémorialiste, avec brio,  des destins oubliés, de ceux dont on oubliera le prénom.

 

 

 

 

 

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