Irlande, 1975. Le conflit entre catholiques et protestants fait rage, avec chaque jour ou presque son lot d’attentats et de répression. Et comme toujours, il y a la grande histoire et la petite histoire, celle des grands courants et des petits destins. C’est donc à travers les tourments d’une jeune institutrice que Louise Kennedy rend compte de cette époque troublée.
Posons l’intrigue : Malgré des attentats quotidiens, la jeune Cushla tente de mener une vie normale. La journée, elle enseigne dans une école catholique ; le soir, elle travaille dans le pub familial. Un jour, derrière son bar, elle rencontre Michael, un avocat qui s’est fait un nom en défendant des membres de l’IRA. En dépit du bon sens — l’homme est non seulement protestant mais aussi plus âgé et marié —, Cushla se laisse attirer par lui et son monde sophistiqué. Mais le fragile équilibre de la communauté et du jeune couple se rompt lorsqu’un parent d’élève est laissé pour mort.
Louise Kennedy mène ce livre avec un certain brio, sans tomber dans les excès ni les facilités du genre. De l’amour oui, mais pas de fleur bleue excessive, de la couleur locale, évidemment mais sans cliché, de la politique enfin mais sans digression inutile. C’est fin, intelligent, équilibré.
Troubles, publié aux Editions Denoël, c’est donc un roman à tiroirs, au bon sens du terme. Entre fresque historique, étude sociologique et roman d’amour, chacun y trouve son compte. C’est surtout une plongée au cœur d’un conflit fratricide, dont les braises sont encore vives aujourd’hui.