Si vous souhaitez du dépaysement, si vous aimez les grandes fresques tragicomiques, et si les singularités juives de la fin du 19e siècle en Russie vous parlent, alors ne cherchez plus et jetez vous sur La vengeance de Fanny, le dernier roman de Yaniv Iczkovits publié aux éditions Gallimard.
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Disons le d’emblée, La vengeance de Fanny est un roman qui, dans ses premières pages, laisse perplexe. Perplexe parce que le monde qui s’y déploie, ses lieux, ses habitants répondent d’une culture et d’un temps qui nous sont très éloignés, comme une histoire parallèle à la nôtre. Mais, une fois cette barrière franchie, on se plait à suivre les aventures des différents héros de ce livre. Alors l’histoire ?
Aux confins de l’Empire russe, dans la Polésie de la fin du dix-neuvième siècle, les hommes des shtetls abandonnent parfois leurs femmes pour se fondre dans la foule des grandes villes. Lorsque Mendé Speisman, désespérée par le départ de son époux, se jette dans la rivière Yasselda, sa sœur Fanny Keizman prend les choses en main : elle ira elle-même retrouver son beau-frère, quoi qu’il en coûte. Celle que l’on surnomme die wilde Khayeh, la bête sauvage, s’éclipse au milieu de la nuit avec l’aide de Žižek, le taiseux passeur du fleuve, laissant derrière elle mari et enfants.
Le duo s’engage dans une aventure qui, très vite, les dépasse.
Voilà pour l’intrigue qui reprend tous les codes du voyage initiatique, avec ces rebondissements en série, auquel s’ajoute une bonne dose de mysticisme et de traditions. Roman initiatique, et roman existentialiste, tant chaque personnage se recherche et s’interroge sur sa place dans une société étriquée et mouvante. On ne peut donc que vous recommander de donner sa chance à ce livre aussi déroutant que réussi.