Petit livre, grand huit clos. Voilà en 5 mots résumées l’impression que donne La Dépendance, roman de Rachel Cusk publié chez Gallimard. Petit livre par la taille tout simplement, un roman assez bref, intense, resserré. Grand huit clos car, même si tout se tourne en extérieur jour, les personnages gravitent dans un réduit oppressant.
Alors l’histoire me direz-vous. Et bien la voilà :
M, romancière entre deux âges, s’est isolée du monde en s’installant avec son second mari au bord d’une côte océanique spectaculaire. Sur sa propriété baignée d’une lumière splendide et entourée de marais, le couple possède une dépendance soigneusement reconvertie en résidence d’artistes. M n’a qu’un rêve : y accueillir un jour L, un peintre à la renommée mondiale, qu’elle admire.
Quand il finit par accepter son invitation, M jubile. Cependant, elle déchante vite car L n’arrive pas seul — une ravissante jeune femme est à son bras. Entre-temps, la fille de M et son compagnon ont également débarqué.
Théâtre à ciel ouvert, la Dépendance met en scène des couples un peu à la dérive, fait la part belle à la bassesse humaine, au ressentiment. Disons-le sans détour, l’humain n’en ressort pas grandi. Alors, quand on sait que le roman s’inspire librement d’une histoire vraie on se réjouit d’être extérieur à ce petit monde.
Quel plaisir à lire ce livre si tout y est si détestable ? Le style de Rachel Cusk, ce choix d’une forme de monologue intérieure pour rendre compte de l’histoire, un petit plaisir malsain à voir ces êtres antipathiques sombrer.