Selon une étude menée pour le Salon SME un quart des actifs français occupés sont des « slashers ». Assistante maternelle/illustratrice, webmarketer salarié/coach digital, chef de service/chocolatier, responsable formation/VDI… 6 millions de français exerceraient une 2ème activité générant des revenus déclarés, en parallèle de leur activité principale, soit 2 millions de plus qu’en 2016. C’est ce que révèle l’étude menée en juin 2022 par Creatests pour le Salon SME, qui s’est tenu les 19 et 20 septembre au Palais des Congrès de Paris.
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Etre slasher n’est donc pas une mode mais un phénomène de société qui s’amplifie, la France se rapprochant sur ce plan des Etats-Unis, pays dans lequel la 2ème activité ou les « moonlight businesses » (activités générées au clair de lune, en dehors des heures de travail salarié) sont intégrés de longue date dans le quotidien des américains.
L’apparition, en France, d’un nouveau terme, toujours anglais, « side project », (pour les salariés), fait aussi pressentir cette évolution.
« Slasher » (parfois francisé en « slasheur ») : ce mot popularisé en 2007 aux Etats-Unis par Marci Alboher avec son livre « One Person, Multiple Careers » et faisant référence à la barre oblique (slash en anglais), est entré dans les dictionnaires français (Le Robert, Larousse) une dizaine d’années plus tard. Cela démontre sa vitesse d’adoption et donc l’ampleur du phénomène de double activité professionnelle dans notre pays. Une 1ère étude menée pour le Salon SME en 2016 par le même institut avec la même méthodologie avait mis en lumière ce phénomène. L’étude 2022 apporte de nouveaux éclairages sur ce phénomène de société.
1) Le nombre de slashers a fortement augmenté en passant de 4 à 6 millions de français entre 2016 et 2022. 6 millions, c’est un quart des actifs occupés !
L’envol du régime de l’auto-entrepreneur (65% en moyenne des créations d’entreprises), la simplicité de gestion d’une micro-entreprise à travers de nouvelles solutions souvent digitales (néo banques, applications sur smartphone, plateformes internet pour trouver des clients…) et les conséquences de la crise sanitaire (nouvelle organisation du travail avec notamment le télétravail pour 20% des français, ) sont les principales explications de cet essor.
2) Augmenter ses revenus (motivation de 67% des slashers), tirer des revenus d’un hobby ou d’une passion (29% des slashers), préparer une reconversion professionnelle (11%), tester une idée de création d’entreprise (7%) ou devenir progressivement son propre patron avec l’activité complémentaire (6/%) sont les principales motivations des slashers.
3) Les revenus générés par la 2ème activité sont très variables… 46% des slashers indiquent un revenu mensuel moyen net inférieur à 300 euros, 37%, un revenu compris entre 300 et 1 000 euros, 14%, un revenu compris entre 1 000 et 3 000 euros, Et 3%, un revenu supérieur à 3 000 euros.
4) Et corrélés au temps consacré à la 2ème activité.
On peut ainsi distinguer les slashers occasionnels (les 36% qui exercent leur activité professionnelle complémentaire moins de 5 heures par semaine), les slashers réguliers (39%, entre 5 et 10 heures par semaine) et les slashers intensifs (25%, plus de 10 heures par semaine).
Dans ce dernier cas, notamment, la vigilance s’impose pour ne pas dépasser les limites physiques et mentales dans l’exercice de cette double activité professionnelle.
5) Exercer une double activité est très majoritairement un choix des slashers.
Totalement choisi : 62% des répondants :
Plutôt choisi : 34%
Plutôt subi : 3%
Totalement subi : 1%
6) Les « slashers au long cours » (activité complémentaire exercée depuis plus de 3 ans) représentent 20% du total et les « néo-slashers » (moins d’un an) 36%.
7) Les clients de cette 2ème activité sont des particuliers pour 67% des slashers.
Les slashers interviennent également pour les entreprises (38% des répondants) et des associations (16% des répondants).
8) Si le bouche à oreille et le réseau, cités par 63% des répondants, restent encore les moyens les plus fréquemment utilisés pour trouver des clients, les plateformes internet (38% des cas) devancent le marketing sur internet -réseaux sociaux, achats de mots clés, site web, e-commerce…-(avec 23% des cas) et les points de vente, fixes ou ambulants (8%).
Cela montre combien les plateformes internet (pour les freelances, services à la personne, services aux particuliers, location de biens immobiliers, vente/achat sur internet, livraisons..) sont devenues le « bras armé commercial » des slashers.
« Si la 1ère motivation en 2022, comme en 2016, reste de très loin la recherche de revenus complémentaires, être slasher apporte de l’indépendance dans le choix de l’activité, des clients, du lieu de travail et du mode d’organisation. Bref, être slasher apporte aussi de la liberté professionnelle, qui pourrait de plus en plus susciter l’envie de se mettre à son compte en activité principale. Cette porosité croissante entre salariat et entrepreneuriat nourrit la transition entrepreneuriale, c’est-à-dire l’évolution progressive d’une société de salariés en CDI vers une société d’indépendants et d’entrepreneurs à temps plein ou partiel » indique Alain Bosetti, président du Salon SME.