Un roman russe écrit par… un argentin. Avouez que la combinaison détonne. Et pourtant, elle fonctionne plutôt très bien. Avec L’Absolu, publié aux édition Gallimard, Daniel Guebel nous livre un grand roman, à la fois loufoque, tragique, spirituel et potache. Bref un régal.
L’histoire à grands traits : L’Absolu est la saga sur six générations d’une famille de génies voués corps et âme aux pouvoirs révolutionnaires de l’art, de la science et de la politique. En son cœur se trouve le pianiste et compositeur russe Alexandre Scriabine (1872-1915), inventeur de « l’accord mystique » et auteur de la symphonie inachevée Mystère.
Parmi tous ces destins, aucun ne connait la mesure, les caractères sont en tension permanente, dans une forme de folie, une quête désespérée d’absolu. On se contentera d’évoquer les délires sexuels et musicaux de l’arrière-grand-père, Frantisek, qui sa vie durant construira sa symphonie imaginaire. Mais toute la famille vaut le détour, à sa façon.
Daniel Guebel, passe de destins en destins tout en maintenant une cohérence, une ligne directrice, c’est un grand n’importe quoi, mais un n’importe quoi organisé, structuré, réfléchi. Une fresque aussi absurde que grandiose. C’est un roman fleuve, total, russe à sa façon, où chacun s’attardera sur ce qu’il cherche. A l’heure d’une littérature qui tournerait un eu trop sur elle même, où la forme et l’intrigue tendrait à se standardisait, c’est un roman ambitieux qui fait du bien.