Que retient-on des presque cent années de présence française en Asie du Sud-Est ? Très honnêtement pas grand chose. Ðiện Biên Phủ évoque bien le souvenir douloureux d’une catastrophe militaire dont on a à peu près tout oublié, les plus romantiques pensent à L’Amant de Marguerite Duras. Pour le reste l’Indochine était juste un vaste territoire aux confins d’un Empire perdu. Voilà. Il fallait donc bien remettre en lumière cette histoire oubliée, le mérite en revient à François Joyaux qui publie chez Perrin sa Nouvelle histoire de l’Indochine Française.
Si dans le fond vous n’arrivez pas bien à différencier la Cochinchine du Vietnam, si pour vous le Siam est toujours un pays, bref, si cette vaste zone géographique au sud-est de l’Asie reste une nébuleuse, ce livre est fait pour vous. Si, qui plus est, vous souhaitiez une mise à jour complète sur l’action française dans cette zone, qu’elle soit politique, culturelle, industrielle ou militaire, n’en jetez plus.
Pour parler de la présence française en Indochine à partir du milieu du 19e siècle, d’aucun parle de guerre de cent ans avec la Chine. C’est que, à l’image de notre relation médiévale avec Albion, la présence française en Asie du sud-est est tout sauf un fleuve tranquille. Se pose en premier lieu une question. Que sommes-nous venu faire dans cette galère ? Mission civilisatrice, religieuse ? Domination impérialiste, coloniale ? Dès le début les objectifs ne sont pas clairs, ils resteront flous jusqu’à la fin.
Au fil des régimes et du contexte géopolitique mondiale, la France ne cessera de chercher le sens profond de sa présence en Indochine. François Joyaux vient ici nous rappeler avec force la singularité de ces territoires. Jamais vraiment unifiés, jamais vraiment indépendants, soumis à la pression chinoise, japonaise, anglaise. Faite de royautés, d’empires, de religions et de sectes toutes différentes, l’Indochine pose l’altérite comme principe. La France, comme les Etats-Unis après elle, s’y sont cassé les dents.
Si notre passé indochinois ne fut pas glorieux , il n’en demeure pas moins que la France garde un lien forcément singulier avec ce sud-est asiatique. François Joyaux nous donne la clé pour comprendre cette relation plus que tourmentée.