Il paraît que le diable est dans les détails. Et de détails, les résultats du 10 avril n’en manquent pas. Dans le désordre : effondrement complet des partis de gouvernements historiques, éclatement des droites, fragmentation des gauches, nouvelles polarisations. A la fameuse opposition gauche droite, répond aujourd’hui  une opposition entre partis antisystèmes et centre modéré (avec des nuances évidemment). Addition n’est pas raison, mais tout de même. Une nette majorité de français a voté pour des candidats radicaux.

Gilets jaunes, Covid, guerre en Ukraine… rarement des crises aussi violentes se seront succédées en un temps aussi court. La France de 2022 n’est plus celle de 2017. Et les résultats du premier tour, dans leur immobilisme de façade, témoignent d’un pays plus solidement clivé.

Cette drôle de campagne, où rien ne se passait, entre dans une nouvelle séquence avec une impression d’urgence. En quelques jours, c’est presque l’intégralité de l’échiquier politique qui doit se recomposer. Les premières réactions sur les plateaux de télévision révèlent au grand jour de nouvelles lignes de convergence et actent la fin des anciennes barrières.

Il y aura donc un match retour au fameux débat d’entre deux tours de 2017 entre Emmanuel Macron et Marine le Pen. Cette situation n’est pas inédite dans l’histoire de la 5e république. En 81 déjà, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand s’était livrés à l’exercice du deuxième round, avec le résultat que l’on connaît. Et cet épisode de nous rappeler que l’expérience, la stature, le bilan ne décident pas du sort d’une élection. Il faut, toujours, faire campagne.

Il reste 15 jours.