Surveillance au travail : le boom des nouvelles technologies

Surveillance au travail : le boom des nouvelles technologies

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Caméras, vérification de l’apparence, bracelets géolocalisables… les nouvelles technologies prennent davantage de place au sein des entreprises. Ces outils de management se transforment parfois en moyens de surveillance pour contrôler les salariés sur leur lieu de travail. Des dérives qui suscitent les craintes de la CNIL.

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La CNIL et l’Inspection du Travail enregistrent de plus en plus de signalements. Ces derniers viennent notamment des organisations syndicales de plusieurs entreprises privées qui dénoncent des dérives quant à la surveillance des salariés. En effet, plusieurs firmes françaises lancent depuis quelques années des expérimentations d’appareils technologiques en entreprise.

De la surveillance à peine maquillée

L’agence de placement, Pénélope Welcome a par exemple lancé une application pour faire de ses salariés la vitrine de l’entreprise. Le logiciel doit être « installé sur le téléphone de chaque salarié », lit-on dans le document de présentation remis au comité social et économique (CES) de l’entreprise. En clair, les employés doivent se prendre en selfie, systématiquement le matin en arrivant dans les locaux. Une manière d’évaluer la bonne tenue, la coiffure et la bonne mine des salariés sur le site d’activité. Le syndicat Sud-Solidaires de la société a immédiatement alerté la CNIL, qui confirme avoir enregistré la plainte. Le syndicat a aussi saisi l’inspection du travail et, en interne, a mis la pression sur la direction. Cette dernière a donc renoncé à « étendre le dispositif » d’après un communication de l’entreprise.

D’autant que ce litige n’est pas le premier que rencontre Pénélope Welcome. La firme a également tenté de mettre en place un service de « pré-prise de poste ». Concrètement il s’agissait d’un serveur téléphonique que les collaborateurs devaient appeler en partant de chez eux. L’idée était d’identifier leur temps de trajet. « Une intrusion dans la vie privée des employés » dénonçaient unanimement les syndicats de l’agence.

Un phénomène en pleine expansion à plusieurs millions d’euros

La surveillance technologique, de l’espace public comme des personnes en télétravail, a été largement visibilisée depuis le début de la pandémie. Le marché de la surveillance au travail est aussi en plein boom. Sysnav, une entreprise spécialisée dans la géolocalisation, propose, notamment des bracelets permettant de localiser les personnes travaillant sur des postes isolés. Offre similaire du coté de Teleric, fabricant de pointeuse nouvelle génération. L’appareil Mini V4 que l’entreprise revendique avoir vendu à plus de 10 000 exemplaires, permet de suivre en temps réel l’activité d’un agent tout au long de sa journée de travail.

L’entreprise de sécurité Seris a pour sa part fait le choix d’une technologie plus ancienne. En juin 2021, la direction de la société a présenté devant le CSE un projet d’« utilisation des systèmes de vidéosurveillance à des fins de contrôle de l’activité des salariés ». L’entreprise explique vouloir « utiliser les systèmes de vidéosurveillance comme preuves justifiant une sanction ou un licenciement disciplinaire ». Projet qui rappelle la surveillance dont assurent être victimes les agents de sécurité de la fondation Louis Vuitton, qui a démenti ces allégations. Reste que cette surveillance a malgré tout été mise en place dans les locaux de la société. Le budget dédié à observer les salariés durant leur activité s’établit à plusieurs dizaines de millions d’euros par an.

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