On ne lit probablement pas assez de nouvelles. C’est regrettable, étrange même. Etrange car finalement ce format court, boudé par les auteurs français, se prête merveilleusement aux nouveaux usages culturels. Plus instantané, plus rythmé, sans longueur. Alors, à défaut de trouver chaussure à son pied dans la production actuelle, on peut remercier les éditions Autrement de rééditer le recueil de l’auteur australien Keneth Cook, L’ivresse du kangourou.
« Un kangourou accroc à la bière que l’alcool rend agressif, un pilote qui s’évanouit aux commandes de son avion en découvrant que s’y trouvent des lézards à collerette, un homme à deux doigts d’en finir à tout jamais avec ce sport national qu’est le cricket » Voilà résumées à grands traits quelques unes des situations, histoires, mésaventures que rapportent Kenneth Cook dans ce recueil.
Les sujets sont divers et il est donc toujours délicat de trouver un fil conducteur. On peut néanmoins avancer sans risque quelques éléments communs à cet imaginaire foisonnant. D’abord les personnages, pour la plupart un peu paumés, en marge du réel, voire sévèrement atteints. Il y aussi le décors, cette Australie si dépaysante pour un lecteur européen. Le ton aussi, sensiblement distant, désabusé, mordant. L’humour enfin, qui joue sur tous les registres, situations, langage, répétition.
On avait déjà évoqué Keneth Cook dans ces colonnes, avec son Blues du Troglodyte, et force est de constater que la même maîtrise se déploie dans L’ivresse du Kangourou.
