Érosion des côtes, pollution des sols, sécheresse, altération des ressources naturelles…La Bretagne est en première ligne face aux changements climatiques. Forte de ce constat la région s’engage pleinement dans la lutte pour préserver son environnement, les conditions de vie et la santé de sa population. Alors que la Bretagne reste encore très dépendante des énergies fossiles, la région montre tout de même des signaux prometteurs. Les filières renouvelables se développent et les innovations en matière d’habitat, de mobilité et d’industrie foisonnent.
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La Bretagne est au cœur des défis environnementaux du fameux « monde d’après ». En effet, la région subit le revers climatique de son impressionnant succès économique. La forte croissance enregistrée ces dix dernières années sur le territoire (+20% de PIB) s’est traduite par une hausse constante de la consommation en énergie. Une consommation poussée par l’augmentation du nombre d’habitants qui devrait croitre de 400.000 habitants d’ici 2040 selon l’INSEE. Étant donnée la forte dépendance de la Bretagne aux ressources fossiles, le bilan énergétique régional risque donc de se donc détériorer à l’avenir d’après l’OEB (Observatoire de l’Environnement en Bretagne).
La Bretagne marque des bons points…
Face à l’urgence, les acteurs publics et privés de la région diversifient leurs investissements afin de valoriser les énergies renouvelables ou décarbonées. Cela passe, tout d’abord, par l’arrêt du financement des ressources polluantes. « Nous n’aurons plus aucune opération liée au charbon dans nos comptes à l’horizon 2027 », soulignait Julien Carmona, président du Crédit Mutuel Arkéa, en marge de son intervention au FEB 2021. En parallèle les énergies renouvelables poursuivent leur essor. Pour preuve, la progression des secteurs de l’éolien, de l’hydrolien, de l’hydrogène, de la biomasse et de l’énergie solaire.
En effet, depuis 2005, la part des énergies vertes produites en Bretagne augmente de 3,5% chaque année. Dans le détail, 60% de l’électricité produite en Bretagne est d’origine éolienne et 76% de la chaleur provient de la filière bois-énergie. Enfin de nouvelles sources encore modestes, car récentes, connaissent une expansion impressionnante. C’est le cas du biométhane, dont l’utilisation a doublé depuis 2015 et incite « les collectivités et les entreprises, notamment du secteur agricole, à repenser leur mobilité et leurs infrastructures » constate Sébastien Ramos, directeur régional d’Engie. Ainsi le mix énergétique breton est en pleine mutation.
…et doit encore fournir des efforts
Néanmoins, malgré les bonnes performances en matière de transition écologique, la Bretagne a encore un fort potentiel d’amélioration. Avec seulement 30.000 m² de panneaux solaires installés en 10 ans, l’OEB affirme que « la filière de captation d’énergie thermique se développe peu dans la région ». Même chose en ce qui concerne le parc hydroélectrique, que l’observatoire juge « modeste et vieillissant ». L’autre défi que doit relever la Bretagne est celui de sa forte consommation d’énergie. Cette dernière est largement dominée par les produits pétroliers. Ces derniers représentent 47% de l’énergie utilisée sur le territoire, devant l’électricité et le gaz. De plus la majeure partie des besoins énergétiques sont couverts par des ressources produites hors de la région.
Le développement des filières renouvelables aujourd’hui sous-exploitées, le recours à l’énergie nucléaire décarbonée et la réduction de la consommation citoyenne apparaissent donc comme des leviers répondants aux enjeux climatiques. Des initiatives qui nécessitent la mobilisation des acteurs régionaux comme « les collectivités locales (petites communes ou grandes métropoles) et les entreprises (startups ou grands groupes), qui portent des projets d’innovation technologiques et des moyens de financement » rappelait Emmanuel Jean, directeur général chez SMILE lors du FEB en septembre 2021.
Ainsi des dynamiques inédites sont à l’œuvre dans la région. La transformation des transports et la rénovation des habitats vers une alimentation électrique s’accélèrent. Dans le même temps, le phénomène de l’autoconsommation (fait de produire à domicile sa propre énergie) s’intensifie. Reste à savoir si cette mue énergétique permettra à la Bretagne d’atteindre l’autonomie.