91 chapitres. Très courts. Avec pêlemêle des mythes antiques revisités, des amours contrariés, des études de médecine et un livre en gestation. Voilà le menu de Virgile s’en fout, dernier roman d’Emmanuel Venet publié aux éditions Verdier.
On est toujours tenté pour parler d’un roman, d’en raconter l’intrigue, de résumer à grands traits les personnages, leur relation et dévoiler quelques péripéties, sans jamais en dire trop. Pour de (très) nombreux livres, ce format fonctionne, ici pas vraiment. Pas vraiment parce qu’au fond l’intrigue n’existe pas, ou très légèrement. Pas vraiment parce que les différents personnages font plus office de prétexte que de moteurs narratifs. Pas vraiment enfin parce que la narrateur n’est pas ici pour raconter une histoire, mais plutôt une recherche.
Pas étonnant que Proust soit très souvent cité, évoqué, suggéré dans ce livre tant la démarche littéraire s’inspire, détourne même, l’objet de A la recherche du temps perdu. Différence parmi d’autres, le rythme plus soutenu. C’est d’ailleurs un des plaisirs de lecture de ce livre, sa fluidité. Des chapitres faussement disparates de quelques pages, navigants entre les différents thèmes constitutifs du roman. (A lire aussi)
Alors puisqu’il faut bien parler d’histoires, voici en quelques lignes le décor : L’intrigue de ce livre commence le 1er janvier 1981 et s’achève le 31 décembre de la même année. Quarante ans après, le narrateur se remémore sa vie d’étudiant cette année-là, ses relations amoureuses hésitantes – dont celle qui lui fit vivre la douche écossaise d’un grand amour – mais aussi les remous causés par l’élection de François Mitterrand.
Voilà pour le contexte sur lequel on pourra choisir de s’attarder ou non, tant l’intérêt du livre se place en marge de la fable, et trouve son sens dans les errements d’un narrateur en construction.