[Redit] Créer sa start-up en France depuis l’étranger : concept innovant ou utopie ? Réponse avec Arthur Acker, fondateur de Superbrosse, qui a lancé son entreprise depuis l’Australie.
De l’Australie à la France, il n’y a qu’un business model
Au lancement de Superbrosse, je vivais en Australie. Je travaillais dans une start-up dans le domaine financier pour accompagner les entreprises dans leurs levées de fonds. J’ai donc rencontré un grand nombre d’entreprises et d’entrepreneurs et je me suis dit si je trouve un bon projet, pourquoi ne pas tenter l’aventure entrepreneuriale et lancer moi-même un nouveau business. Puis un jour, une idée me vient : pourquoi ne pas lancer un système d’abonnement de brosse à dents pensé pour avoir le plus faible impact environnemental ? Et c’est ainsi qu’est né Superbrosse.
À ce moment précis, j’avais en tête de rentrer en Europe. Pas forcément en France, mais dans un pays proche comme l’Angleterre. Loin de moi l’idée à cette époque de lancer un business depuis l’Australie.
Cependant, pour ne pas perdre de temps sur ce lancement, j’ai commencé à réfléchir à une solution pour lancer l’activité depuis l’Australie.
J’ai donc réfléchi à un business model qui reposait sur cette volonté de pouvoir gérer mon entreprise en 100% distanciel. Maintenant, l’intégralité de mon équipe est en France, la logistique s’organise grâce à une entreprise adaptée basée également en France et de mon côté je vis en Angleterre 90% du temps. Cependant, je fais occasionnellement des allers-retours en France en cas de besoin pour continuer à gérer cette activité.
« Je me rend compte qu’entre l’Australie ou l’Angleterre, il n’y a pas de grand changement dans la gestion de Superbrosse. »
Une fois que le projet prenait forme, j’ai rapidement compris que le plus important n’est pas l’endroit où je vis ni où mon entreprise est implantée, mais les gens qui m’entourent. En effet, je n’aurais pas pu lancer l’entreprise si je n’avais pas eu de collègues en France capables de prendre en main les sujets qui sollicitaient une présence sur le territoire.
Au lancement, ils géraient la partie opérationnelle qui demande d’être au cœur de l’activité en continue pour le bon développement de l’entreprise. Moi je m’occupais plus du business en lui-même, comme la communication, le marketing ainsi que le développement des produits.
L’autre élément que je retiens et qui m’a beaucoup aidé dans le développement de mon entreprise depuis l’étranger : c’est l’organisation. J’ai très vite compris que l’optimisation des process était indispensable. En effet, si j’avais lancé mon entreprise en France, j’aurais pris plus de temps avant d’organiser la logistique, en conservant les stocks à mon domicile par exemple, sans forcément prendre du recul et me demander comment optimiser l’activité. Même si nous fonctionnons grâce à un système d’abonnement simple et régulier pour nos consommateurs, il était important pour moi que notre process soit très structuré pour simplifier la délégation des tâches aux équipes en France sans partir dans tous les sens.
Cependant, aujourd’hui pour lancer son entreprise, il n’y a pas besoin forcément d’avoir son outil de production, son outil de conditionnement et d’envoi… Nous sommes dans une ère où lancer son entreprise est plutôt simple en s’associant avec les bonnes personnes.
Quid du Brexit et de l’internationalisation ?
Avec le Brexit, mes allers-retours entre la France et l’Angleterre sont plus compliqués qu’avant. J’ai toujours beaucoup de papiers à remplir pour faire le trajet, mais ce qui risque de poser un véritable problème, c’est l’internationalisation de Superbrosse. En effet, actuellement nous vendons uniquement en France et nous avons l’intention en 2022 d’ouvrir l’activité à d’autres marchés européens. Ce qui est certains, c’est qu’avec l’Angleterre qui est soumise au Brexit, le territoire risque de ne pas être un marché pour nous. C’est très compliqué aujourd’hui d’envoyer des produits en Angleterre même si nous sommes probablement en dessous des normes concernant les taxes d’exportation, il y a beaucoup plus de contraintes, de délais… Ce qui fait que l’Angleterre ne sera pas notre priorité sur l’ouverture des marchés.
Nous allons également proposer un nouveau produit début 2022 qui accompagnera nos brosses à dents. Nous travaillons actuellement avec un grand laboratoire français qui nous accompagne dans la conception de ce produit. Une fois de plus, le fait d’être en Europe pour moi facilite les échanges avec le laboratoire dans la phase de recherche et développement du produit.
Un mot pour les entrepreneurs qui souhaiteraient se lancer depuis l’étranger ?
Pour commencer : il faut bien s’entourer. Si vous comptez diriger votre entreprise depuis un autre pays, comme vous ne serez pas à 100% du temps sur place, il est primordial d’être entouré de personnes de confiance afin de déléguer correctement. Quand je parle d’avoir une équipe, cela peut être uniquement un co-fondateur qui lui sera basé sur place pour gérer un peu plus le côté opérationnel, les rendez-vous physiques… Mais il faut impérativement quelqu’un qui sera présent sur le long terme car une entreprise peut difficilement se gérer à 100% du temps en distanciel. Il faut de temps en temps être là pour aller à la rencontre des investisseurs, des clients, des contributeurs et être capable de gérer au jour le jour les opérations.
Le second conseil que je peux donner, c’est vraiment de réfléchir à un business model qui permet ce type de structure. Il faut réussir à mettre en place des process assez simples tout en déléguant certaines tâches pour une gestion optimisée de l’activité. Cela va permettre au fondateur de se focaliser sur les enjeux marketing clés. Par exemple, avec Superbrosse, le fait de passer par une entreprise de logistique spécialisée, cela nous permet de nous libérer du temps sur des enjeux de développement et de croissance, comme le lancement de notre nouveau produit.