C’est un livre hybride, à mi-chemin entre la biographie et la digression, un mélange de poésie, de contemplation et de mouvements. C’est un livre court, comme un instantané de vie. Avec Les voyages de Feininger, publié aux éditions Gallimard (à lire aussi), Olivier Barrot tient sa promesse, nous faire voyager.
Feininger est un peintre, un musicien, un artiste. Au fil des pages et des allers et retours entre Amérique et Allemagne, Olivier Barrot dresse le portrait d’un homme en tension, en recherche, une forme d’instabilité. L’histoire, la biographie plutôt :
« Né à New York en 1871 de parents d’origine allemande, Lyonel Feininger franchit pour la première fois l’Atlantique à seize ans pour aller étudier la peinture et la musique à Hambourg et à Berlin. Cinq années plus tard, il séjourne à Paris où il découvrira ensuite le cubisme, puis à Londres, retourne à Berlin l’effervescente : il peint, compose, fabrique des jouets, livre caricatures et bandes dessinées. Membre du Bauhaus à Weimar puis à Dessau de 1919 à 1933, où il fut un enseignant aimé et admiré, il est classé « peintre dégénéré » par le régime nazi, et retourne en 1937 aux États-Unis, où il finira ses jours. »
Voilà pour le style biographique. Le livre ne suit pas cette voie, syncopé, mouvant, c’est une succession de clichés, de moment, une impression de flou voulu, de dilution. Le temps, l’espace, la chronologie, tous ces éléments se fondent dans une atmosphère plus imprécise, une recherche. Il est toujours tenant de vouloir figurer par écrit une œuvre plastique, l’exercice est souvent périlleux, Olivier Barrot le relève avec maîtrise.