Publications réussies après publications réussies, le constat s’impose : la BD, et plus particulièrement les romans graphiques, trustent le haut du pavé. On s’était délecté du dernier Sherlock Holmes de Cyril Lieron et Benoit Dahan, on a retrouvé le même plaisir à lire Queenie, la marraine de Harlem.
Si l’on peut se plaindre, à juste de titre d’ailleurs, de la trop grande sobriété des couvertures de romans français, on ne peut qu’être frappé par la beauté de celle de Queenie. En un dessin, c’est tout un univers graphique, culturel, historique qui se déploie. Pas besoin de mot, pas besoin d’en rajouter, tout est déjà là. La suite ne dément pas cette promesse initiale.
L’histoire en résumé : « Harlem. 1933. Une femme noire, tirée à quatre épingles, est relâchée de prison. Son nom : Stéphanie St Clair. Signes particuliers : un accent français à couper au couteau et un don pour les chiffres. Née dans la misère à la Martinique, la célèbre Queenie est à la tête de la loterie clandestine de Harlem. Avec l’aide d’une poignée de complices loyaux, elle a patiemment bâti un véritable empire criminel qui règne sur Harlem tout en protégeant ses habitants des exactions des policiers. » (encore et toujours merci à l’éditeur, en l’occurrence Anne Carrière).
Queenie rejoint donc la liste, pas si longue, de ces films, romans, albums qui en quelques secondes, vous plongent dans un univers. Que vous lisiez tranquillement dans votre canapé, dans le train ou en vacances, qu’importe. Elizabeth Colomba & Aurélie Levy vous emportent dans cet Harlem interlope, marginal. Vous naviguez entre des noms et des références plus ou moins connues, Duke Ellington ici, Lucky Luciano là. Le tout avec délectation.
Face à une tendance parfois nombriliste du roman moderne, la BD en général et Queenie en particulier élargit le champ, nous fait passer de la loupe au cinémascope.