Chats, chiens, renards, licornes, pandas roux, flamants roses, lamas…D’internet aux rayons des papeteries, le règne animal a décidément la cote. Certaines espèces sont si populaires qu’elles alimentent de véritables effets de mode, jusqu’à en devenir des motifs imprimés, des hashtags voire des objets de collection. Une tendance qui n’a pas échappée aux marques qui n’hésitent pas à utiliser des animaux influenceurs comme égéries.
Sur internet, mais aussi en papeterie, dans l’édition ou à la télévision, les animaux sont partout. Certains ont d’ailleurs plus la cote que d’autres : en témoigne le véritable succès de la licorne. Tant et si bien qu’ils deviennent de parfaits influenceurs que les marques s’arrachent pour incarner leurs produits. Pourquoi les animaux sont-ils si doués pour vendre ? Quels sont les animaux les plus influents ? Pourquoi eux ? Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé Lucas Bérullier, fondateur de My Pet Agency.
Susciter l’émotion : la véritable puissance des animaux
« On l’a observé de manière très nette : lorsqu’un influenceur poste une photo de lui seul, il recevra moins de likes, d’engagements et de partages, que s’il pose avec un animal. C’est là qu’on voit toute la puissance des animaux. » commente Lucas Bérullier. C’est un fait établi, les animaux ont un effet bénéfique sur l’être humain. En témoigne certaines études qui prouvent que la simple interaction avec un animal génère de l’ocytocine, l’hormone du bonheur. Le fait de caresser ou de voir un animal génèrerait donc chez l’humain un certain nombre d’émotions, souvent positives. Or, créer l’émotion pour aboutir à une vente est justement ce que recherchent les marques lorsqu’elles font leur promotion.
Une puissance que le fondateur de My Pet Agency attribue à la capacité de certains animaux à manifester des sentiments. « Plus l’animal est expressif, plus on arrive à comprendre ses émotions et plus on va pouvoir s’identifier à lui. » démontre-t-il. Pour ces raisons, il cite le chat et le chien comme les animaux les plus influents. Depuis longtemps domestiqués, ils ont développé une grande proximité avec l’humain. Ils ont appris à communiquer avec lui, notamment par leurs expressions faciales. Au contraire des araignées, des reptiles, des oiseaux qui sont peu expressifs et remportent donc moins l’adhésion du public.
On observe cependant un réel engouement pour certains animaux sauvages, comme le flamant rose, le renard, le hérisson, le panda roux ou le lama. Lucas Bérullier explique cette fascination par deux raisons. La première serait la rareté et l’originalité de ces animaux qui se démarquent dans la guerre de l’attention que mènent les marques. La seconde touche à la narrative attribuée à ces animaux. Selon le fondateur : « ils témoignent souvent d’une histoire touchante : un sauvetage, un abandon, une espèce menacée d’extinction….Les marques aiment s’associer à ces histoires car elles rappellent les qualités de bienveillance de l’homme. »
Le boom des animaux influenceurs
Les animaux s’imposent ainsi comme de très bons influenceurs, permettant le développement de business comme celui de Lucas Bérullier. Pour ce dernier, l’animal peut tout vendre, même des produits qui ne lui sont pas dédiés. On pense notamment au chat de Feu vert, à la panthère de Valentine, au chien de TéléZ et même aux poulets de la marque Le Gaulois qui, en dansant le French cancan, réussissent à nous vendre des produits à base…de poulet.
Consciente de ces tendances, My Pet Agency accompagne des marques dans leur prise de parole sur les réseaux sociaux auprès d’animaux influenceurs. Lucas Bérullier et ses équipes collaborent ainsi avec plus de 1.500 animaux qui possèdent leur univers, leur compte sur les réseaux sociaux et leur communauté de fans. L’agence représente également les compagnons de célébrités, comme Choupette, la chatte de Karl Lagerfeld ou Nes, le chien de l’humoriste Kyan Khojandi. « On se base sur leurs réseaux sociaux pour des collaborations, du placement de produit ou des campagnes de sensibilisation solidaire. » précise Lucas Bérullier.
Les animaux portent en eux une symbolique à laquelle les marques s’associent pour incarner leurs valeurs et leur vision. Le choix de l’animal qui les représentera apparaît donc comme crucial. « Un chihuahua ne symbolise pas la même chose qu’un doberman ou un golden retriever. Déjà, il n’a pas le même propriétaire. Une famille, par exemple, sera plus susceptible de posséder un golden qu’un malinois, généralement associé à un garde de nuit ou un policier. » expose Lucas Bérullier. Il semblerait donc que la race de l’animal influenceur ait un impact considérable sur la demande des annonceurs. Pour autant, le fondateur de My Pet Agency constate que ses clients annonceurs se défont progressivement des stéréotypes pour s’intéresser davantage à la taille et à la typologie de l’audience de l’animal qu’ils vont choisir.
Respect de la cause animal
Toutefois, si les marques reconnaissent la puissance des animaux pour incarner leur identité et vendre leurs produits, elles redoutent d’être associées à de la maltraitance animale. Une crainte légitime que Lucas Bérullier souhaite éviter. Aussi, My Pet Agency s’impose une éthique stricte et s’interdit de collaborer avec des marques faisant des tests sur des animaux, ou vendant des produits à base d’espèces présentent dans leur catalogue d’animaux influenceurs (le lapin ou la poule, par exemple).
Afin de protéger les intérêts des animaux, My Pet Agency opère également une sélection très stricte des profils qu’elle représente et notamment des propriétaires. Elle refusera systématiquement de collaborer avec un propriétaire qui ne respecterait pas son animal ou abuserait de lui. « On est très sélectif. Les marques ont peur de se retrouver associer à une campagne abusive révélatrice de maltraitance animale. Notre rôle est de les rassurer en nous montrant éthiques et intelligents et en leur assurant qu’ils obtiendront de bons résultats. » insiste Lucas Bérullier.
L’agence dispose donc d’une charte éthique, co-écrite avec l’Animal University, un centre de formation spécialisé dans le bien-être animal. Un passage obligatoire au cours duquel les signataires, propriétaires et annonceurs, s’engagent à ne pas contraindre leur compagnon et à se former à la reconnaissance des signaux envoyés par l’animal pour exprimer son malaise face à une situation. « L’avantage de l’animal, c’est qu’il ne ment pas. S’il n’aime pas quelque chose, il le signifiera : en refusant d’effectuer telle ou telle chose. L’animal n’a pas non plus l’appétit du gain. S’il joue le jeu, c’est par envie d’accompagner l’homme, de lui faire plaisir, mais pas pour l’argent. » détaille Lucas Bérullier.