Une fois n’est pas coutume, nous parlerons BD. C’est peu dire que le genre est, depuis une bonne dizaine d’années maintenant, en pleine ébullition. Longtemps vue avec une certaine condescendance, la bande dessinée gagne au fil du temps, et au fil des ventes aux enchère de planches originales, ses lettres de noblesses. Et ce n’est pas le nouveau volume des aventures de Sherlock Holmes de Cyril Lieron et Benoit Dahan publié chez Ankama qui viendra arrêter ce mouvement.
Nous avions donc laissé ce bon vieux Sherlock il y a deux ans, en plein milieu de L’Affaire du ticket scandaleux. On nous promettait le dénouement pour le Tome 2, promesse tenue. L’histoire en résumé :
« Tout commence par un simple fait divers dans les quartiers défavorisés de l’East End. Alors que Scotland Yard ne paraît pas s’affoler de ce qui semble être une série d’enlèvements, le 7 décembre, le Dr Fowler est retrouvé errant en chemise de nuit dans l’une de ses rues. Le diagnostic médical du Dr Watson, les analyses de poudre trouvée sur les vêtements et, surtout, la présence d’un ticket de spectacle dans la poche du Dr Fowler orientent Sherlock Holmes vers la piste du mage chinois Wu-Jing. Toutes les victimes ont été en contact avec cet étrange personnage venu de l’Orient. »
Ce qui est assez fou avec le personnage d’Holmes, c’est que, même utilisé à l’excès, en livre ou en film, un auteur inspiré peut toujours en révéler une facette nouvelle. Ici le dessin de Benoit Dahan relève le défi. C’est beau, tout simplement. Complexe, plein de détails et de fantaisie. On se surprend à regarder les planches, juste pour le plaisir, sans lire. L’intrigue est à la hauteur, mais clairement le dessin prend le pas. C’est une expérience, une véritable plongée dans la psyché tortueuse du détective.
Les amateurs avertis ne trouveront peut être pas autant de raison de s’extasier que le simple profane, tant mieux ou tant pis pour eux. Dans la tête de Sherlock Holmes se lit comme un roman (à lire aussi) et se regarde comme film. Exercice réussi donc.