Les départs en retraite anticipée se rarifient face au recul de l’âge et au cout qu’ils représentent pour les entreprises. Une situation qui ne favorise pas l’embauche des jeunes arrivants sur le marché du travail.
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Les séniors ne sont plus incités à laisser la place aux jeunes. Les dispositifs de cessation anticipée d’activité coutent cher aux employeurs. Ainsi les départs en retraite ralentissent, alors que les entrants sur le marché du travail sont de plus en plus nombreux. Un phénomène qui ne participe donc pas à réduire le taux de chômage et que la prochaine réforme des retraites ne pourra pas endiguer.
La retraite anticipée astreinte aux carrières longues
Auparavant le secteur privé était épaulé par l’Etat dans la mise en place de ces dispositifs. Ce n’est plus le cas depuis que les gouvernements successifs ont, petit à petit, abandonné ces outils. Par exemple en 2011, l’exécutif abrogeait l’allocation spéciale du fonds national de l’emploi, aussi dénommée « préretraite licenciement ». Cette allocation, créée en 1963, était destinée aux travailleurs de plus de 60 ans sans espoir de reclassement. Un moyen de faire face à la désindustrialisation du pays. Puis, au milieu des années 1980, est apparu un autre dispositif visant non plus les salariés, mais les demandeurs d’emploi de plus de 55 ans. La « dispense de recherche d’emploi » leur assurait de toucher une indemnisation chômage jusqu’à atteindre l’âge légal de départ en retraite. Une façon de réduire sur le papier le nombre de demandeurs d’emploi.
Cependant la réforme des retraites de 2003, menée par François Fillon, alors ministre du Travail, fondée sur l’allongement de la durée d’activité, sonne l’extinction progressive de ces dispositifs. Les départs en retraite anticipée sont dès lors destinés aux carrières longues et aux travailleurs handicapés. Le dispositif est conçu comme une compensation pour les salariés ayant débuté jeunes leur activité, notamment les ouvriers. Ainsi la Commission des comptes de la Sécurité Sociale affirme avoir atteint un pic, en 2017, avec 180.000 nouveaux bénéficiaires de départ en retraite avant 62 ans. Dans le détail un départ anticipé sur quatre est lié à l’activation du dispositif carrière longue.
Extinction progressive des longues carrières
Cependant ce chiffre diminuera fortement dans les années à venir. La Sécurité Sociale estime qu’il s’établira à 40.000 départs chaque année à compté de 2035. En cause, les récentes réformes politiques concernant les retraites. Ces dernières ont augmenté le nombre d’années de cotisation nécessaires pour toucher une pension complète. Puisque la durée d’assurance a augmenté, passant de 42 annuités à 43 pour la génération née après 1973, le nombre d’assurés susceptibles d’avoir accompli une carrière complète à 60 ans recule. Les assurés nés après 1973 devront avoir cotisé sans interruption depuis l’âge de 17 ans pour être éligibles.
Une situation qui va se faire de plus en plus rare. En effet, le vivier de travailleurs ayant débuté jeunes ne cesse de diminuer. De plus, la durée des études s’est allongée. Résultat, l’âge moyen de première validation d’un trimestre de cotisation est passé à 21 ans.