Soyons (encore) honnêtes : la littérature Bulgare nous est, pour la plupart, complètement inconnue. On maîtrise son français, on apprécie l’anglais et pour l’exotisme on se tourne plus naturellement vers le grand nord. Alors la Bulgarie… Oui mais voilà. Derrière tous ces freins à l’entrée se cache un grand roman. Un roman que, page après page, et après quelques premiers doutes, on se prend à aimer.

L’histoire, puisqu’il faut toujours en revenir à l’histoire : « Isaac Blumenfeld, petit tailleur juif de Galicie orientale, change de nationalité comme de chemise. Pourtant, il ne quitte jamais son village. Dans cette partie du monde en cette première moitié du XXᵉ siècle, ce sont l’Histoire et ses conflits qui se chargent de vous faire voyager. D’abord fidèle sujet de l’Empire austro-hongrois, puis heureux citoyen de la République de Pologne, habitant comblé du « paradis soviétique » et sous-homme apatride au sein du Troisième Reich, Isaac est balloté au gré des invasions, des reconquêtes et des traités de paix. » (merci à l’éditeur pour le résumé).

Derrière l’histoire il y a cette bonne vieille citation de Shakespeare : « C’est un récit conté par un idiot, plein de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien. » (ça ne vous dit rien comme phrase ? Pensez à Forest Gump pour les cinéphiles ou à Faulkner pour les littéraires). Donc voilà, le génie de ce roman est de faire traverser les pires horreurs du XXe siècle avec humour, second degré et une fausse idiotie.  La morale dans tout cela ? « Se faire passer pour un imbécile afin de survivre »

Il y a donc des détours bulgares qui valent la peine d’être vécus, Le Pentateuque ou les cinq livres d’Isaac d’Angel Wagenstein  réédité par les éditions Autrement en fait partie.