Près d’un an après l’engagement pris par les 27 Etats de l’Union Européenne d’atteindre la neutralité climatique en 2050, Bruxelles a présenté hier son « Pacte Vert ». Une douzaine de projets destinés à réduire de 55% les émissions de CO2 d’ici 2030.
C’est la priorité du mandat de la présidente de la Commission Européenne Ursula Von Der Leyen. Même si la pandémie de Covid-19 et ses conséquences économiques sont venues perturber la mise en ordre du projet, la lutte contre le réchauffement climatique reste un objectif central pour l’UE. Bruxelles ambitionne donc de réduire de 55% les émissions de CO2 d’ici à 2030, par rapport au niveau de 1990. Un objectif rehaussé de 15 points en décembre dernier, ce qui nécessite des changements radicaux.
Un Pacte Vert secteur par secteur
Cependant le virage écologique ne peut pas se faire que par branche d’activité selon la Commission européenne. Les efforts climatiques demandés aux 27 pays de l’UE concernent plusieurs secteurs. Les transports, par exemple, représentent une part importante dans les émissions de gaz à effet de serre. La Commission veut donc réduire la pollution des automobiles. Pour cela Bruxelles souhaite arrêter la production de véhicules hybrides, essence ou diesels en 2035. Des pays comme la France sont encore en retard et doivent augmenter rapidement le nombre de bornes de recharges.
La vague verte touche également les transports maritimes et aériens. En fonction de leurs émissions de carbone les bateaux et les appareils devront payer une amende. C’est le principe du « pollueur payeur » aujourd’hui appliqué dans seulement quelques industries. Enfin une prochaine refonte fiscale doit renforcer l’attractivité des énergies renouvelables et réduire la rentabilité des énergies fossiles. Sur ce point plusieurs investisseurs ont déjà mis en garde les banques européennes quant à leurs prochaines stratégies d’investissements.
Des réticences de certains Etats
Ce changement de braquet n’est pas sans prix. Alors que la Commission Européenne espère finaliser les textes et les faire adopter à l’horizon 2023. Pourtant certains pays, dont la France s’inquiètent des taxes carbones qui pourraient être imposées sur les bâtiments qui n’ont pas achevé leur rénovation énergétique. En effet ces dernières pourraient avoir un impact économique sur les locataires et les propriétaires. Une hausse des prix de l’essence pourrait engendrer une grogne populaire comme se fut le cas avec le mouvement des gilets jaunes. De plus, certains pays d’Europe Centrale et de l’Est redoutent que des mesures sur les transports mettent un frein à la reprise économique post-covid.
Enfin sur le volet des importations quelques membres de l’Union Européenne dénoncent la taxe carbone aux frontières du vieux continent. Selon le « Pacte Vert », des taxes supplémentaires s’imposeraient sur les importations d’énergies, de matières premières ou de produits finis venant de pays tiers peu scrupuleux des normes environnementales. Plusieurs Etats de l’UE redoutent des représailles commerciales. D’autres hors de l’UE dénoncent une forme de protectionnisme auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce. En clair, le « Pacte Vert » est prêt mais son application semble plus complexe.