Lorsque l’on évoque la mobilité des professionnels, on pense en priorité à un artisan en camionnette, un commercial en berline ou encore un livreur en scooter. Et si tous ces individus, dans le cadre de leur travail, se déplaçaient à vélo ? Faire du vélo le véhicule utilitaire préféré des micro-entrepreneurs, c’est l’objectif du programme Ma Cycloentreprise.
Les entrepreneurs sont de plus en plus soucieux de l’impact écologique de leur activité. C’est pourquoi, l’ADIE et Les Boîtes à Vélo proposent le programme Ma Cycloentreprise. Leur but est de rallier les petits entrepreneurs au mouvement de la cyclo-mobilité professionnelle. Ce programme gratuit est mené en partenariat avec Eni Gas et Power France. Il favorise le passage au « tout-vélo » en informant, conseillant et finançant ces entrepreneurs désireux d’agir pour l’environnement. Mais, quels sont les enjeux de la cyclomobilité professionnelle ? On vous en dit plus.
L’entrepreneur à vélo, qui est-il ?
Ils sont livreurs, électriciens, paysagistes ou même traiteurs, mais surtout ils sont cyclo-entrepreneurs. Tous ont fait le choix de placer le vélo au cœur de leur projet d’entreprise, qu’il soit simplement utilisé comme un moyen de transport ou qu’il représente l’élément central de leur concept. « Moi je ne me déplace qu’en vélo. Je ne me voyais pas aller sur mes chantiers en camionnette. C’était pour moi important d’avoir un projet original. » témoigne Benoît, cyclo-entrepreneur électricien à Angers qui a fait du vélo la touche d’originalité de son projet. Éco-responsable et tendance, le vélo est devenu l’outil indispensable de ces entrepreneurs à deux roues.
David, par exemple, est paysagiste à Rennes. Il a souhaité casser l’image du paysagiste en camion et s’est aperçu qu’il était tout à fait possible d’exercer son métier sans. Grâce au vélo, l’entrepreneur donne ainsi un rôle plus grand à son projet, en lien avec l’environnement. Pour Damien, livreur à Poitiers, le vélo est avant tout une passion. Mordu de cyclisme et très actif au sein d’un atelier associatif d’auto-réparation de vélos, il a fini par en faire son métier. L’entrepreneur à vélo possède donc plusieurs visages. Engagement éco-responsable, passion, originalité, aspect financier…Chacun répond à une motivation qui lui est propre.
Depuis le lancement du programme Ma Cycloentreprise, l’Adie a en effet financé des projets extrêmement variés de l’entreprise de nettoyage à l’organisation de teambuildings. En somme, tout entrepreneur ayant besoin d’effectuer des trajets professionnels courts peut suivre une des formations gratuites proposées régulièrement dans 15 villes de France.
La cyclo-mobilité : le geste éco-responsable des petites entreprises
Si les Français apprécient se rendre au bureau à vélo, ils l’utilisent beaucoup moins pour leurs trajets effectués dans le cadre du travail. Les professionnels lui préfèrent souvent la voiture ou l’utilitaire. Pourtant, le vélo-cargo peut s’avérer tout aussi utile que ces modes de transport, si ce n’est plus pratique.
Il permet en effet un gain de temps appréciable en évitant embouteillages et les difficultés à se garer. Il est également moins cher que la voiture, tant à l’achat qu’à l’entretien. « C’est un facteur d’attractivité qui ne laisse pas les clients indifférents, et un atout important pour se déplacer rapidement dans les centres-villes. Au fond, la cyclo-mobilité est une stratégie très adaptée aux petites entreprises locales« , décode Bruno Gautier, Directeur du développement et de l’offre de service à l’Adie.
Mais bien plus qu’un argument pratique, troquer son utilitaire contre un vélo-cargo c’est surtout agir en faveur de l’environnement. Bien sûr, en limitant leurs émissions de CO2 grâce au vélo, les entrepreneurs participent à la lutte contre le réchauffement climatique. Mais les effets à l’échelle locale sont tout aussi intéressants. En effet, favoriser la progression du vélo, c’est limiter la circulation de véhicules motorisés. Ce qui implique une réduction de la pollution sonore et atmosphérique de nos villes. Certains se prennent même à rêver d’une ville transformée, libre de toute voiture, où l’on entendrait que les roues des entrepreneurs à vélos.
Passer au tout-vélo : un défi pour les entrepreneurs ?
Dès lors, aucun doute que la cyclo mobilité professionnelle comporte de nombreux atouts. Pourtant, ce n’est pas évident pour un professionnel de se lancer dans le « tout-vélo ». La raison principale en est que l’espace urbain n’apparaît pas toujours accueillant pour les cyclistes. En effet, nos villes ont été pensées et aménagées au service de la voiture, rendant parfois compliqué l’accès à d’autres mobilités plus douces.
Aussi, le programme Ma Cycloentreprise en plus d’un accompagnement financier et de formation, propose de créer des « lieux ressources ». Des espaces multifonction au service des entrepreneurs à vélo qui permettraient de répondre aux contraintes logistiques qu’ils rencontrent : stockage, entretien, espaces collectifs de restauration et de bureaux, etc.
Ce projet fait l’objet d’un appel à candidature visant à initier la création de ces lieux dédiés aux cyclo-entrepreneurs et ainsi encourager les créateurs d’entreprises à passer au vélo. « Il faut encore changer la vision du vélo dans les entreprises. Il n’est réservé ni aux livreurs ni au loisir. La palette des activités compatibles avec la cyclo-mobilité est beaucoup plus étendue qu’on ne l’imagine. Elle ouvre de nouvelles perspectives aux entreprises de proximité« , conclut Bruno Gautier.