Dans une interview accordée aux Echos, Geoffroy Roux de Bézieux a estimé que le président de la République n’est plus apte à mener la réforme des retraites. Le patron du Medef préfèrerait plutôt que l’exécutif avance sur la réforme de l’assurance chômage.
C’est un véritable camouflet que Geoffroy Roux de Bézieux a infligé à Emmanuel Macron. Alors que le président de la République a depuis peu remis le sujet de la réforme des retraites sur la table, le président du Medef a fustigé toute forme de « précipitation ». Le patron des patrons juge qu’Emmanuel Macron n’a plus le même « capital politique » qu’en 2017, après son élection, et n’est donc plus apte à faire passer cette réforme.
« C’est la seule réforme sociale qui touche tout le monde. Elle a donc besoin d’une légitimité démocratique ».
C’était pourtant un engagement pris par l’exécutif en début de quinquennat. Cependant le mouvement des gilets jaunes et la crise sanitaire sont passés par là et ont écorné la popularité d’Emmanuel Macron. Le Medef soutenait à l’origine cette refonte du système de retraite, avec un relèvement de l’âge de départ à 64 ans et une désindexation des pensions sur l’inflation. Si la position de Geoffroy Roux de Bézieux n’a pas changée, il ne souhaite pourtant plus que la réforme voit le jour avant l’élection présidentielle de 2022. D’après lui ce doit être un sujet de débat pour la campagne où « les candidats devront se positionner ».
Le président du Medef met en garde le gouvernement contre une « réforme-rustine » préparée en seulement trois mois. Si l’exécutif persiste le risque serait de déclencher le mécontentement des français et de relancer les débats après l’élection. Geoffroy Roux de Bézieux précise tout de même que la réforme est nécessaire et qu’elle doit être lancée immédiatement après le scrutin.
Les syndicats et le Medef font front commun
Dans la foulée du Medef les syndicats ont également fustigé une réforme des retraites avant 2022. « C’est juste une folie », a déclaré le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Son homologue de la CGT, Philippe Martinez, a estimé pour sa part qu’il s’agirait « d’une erreur ». Déjà à l’été 2020 les syndicats avaient unanimement approuvé la suspension des débats sur la réforme à cause de la pandémie.
Une reprise des discussions parlementaires semble pourtant probable. Après Emmanuel Macron, son allié du MODEM François Bayrou et le ministre de l’Economie Bruno le Maire ont aussi jugé que la réforme restait une priorité pour le gouvernement.
La réforme de l’assurance chômage ne peut attendre
Le patron du Medef estime que si la refonte du système de retraite peut attendre, ce n’est en revanche pas le cas pour l’assurance-chômage. « La réforme de l’assurance-chômage est plus urgente que celle des retraites », a notamment plaidé Geoffroy Roux de Bézieux.
D’après lui les principales mesures pour relancer l’économie suite à la pandémie concernent le recrutement et les cotisations payées par les employeurs à l’Assurance Chômage.