De la communication à l’entrepreneuriat social et solidaire, Stéphanie Goujon a fait le choix de réorienter sa carrière vers des missions porteuses de sens. Elle revient sur son parcours qui l’a menée à la tête de French Impact, une association créatrice de synergies entre le public, le privé, et l’économie sociale et solidaire.
Stéphanie Goujon, directrice générale de French Impact a longtemps travaillé dans le secteur de la communication avant de s’orienter vers l’entrepreneuriat social et solidaire. Son parcours fait de ponts et de passerelles l’a amené à se dépasser au service de la société. Rencontre avec une « serial entrepreneure ».
De la communication à l’entrepreneuriat social et solidaire
Stéphanie Goujon a commencé sa carrière dans le secteur de la communication. Directrice commerciale d’une agence tous médias, elle a longtemps travaillé sur des messages publicitaires pour la télévision, la radio ou des campagnes d’affichage. Déjà à cette époque, elle avait pour mission de coordonner une chaîne de production. Tous les jours, elle créait des passerelles entre le client et les différents métiers impliqués dans la création d’une campagne de publicité. « Ce que j’aimais beaucoup dans ce métier, c’était de trouver une grammaire commune entre les différents univers impliqués. C’est aussi ça le métier de commercial : embarquer, fédérer, amener de l’enthousiasme. Il y a un côté un peu entrepreneurial dans la pub. Vous devez produire quelque chose de concret et vous avez un certain nombre d’obstacles à franchir pour cela. » témoigne Stéphanie Goujon.
Fin 2007, au moment de la crise des subprimes, l’entrepreneure a ressenti l’envie de s’engager dans des enjeux de développement durable. « J’avais envie que le volet environnemental prenne davantage de place dans mon métier. Maintenant on parle beaucoup plus de communication responsable, mais à cette époque c’était moins le cas. » confie-t-elle. Elle a alors eu l’opportunité de contribuer au lancement d’une structure sociale et solidaire : l’Agence du Don en nature, inspirée d’un concept américain et qui se lançait en France. Au bout d’un an, elle décide donc de démissionner de son agence pour se consacrer à 100% à cette association.
Relever le défi de l’entrepreneuriat social
S’il n’est pas toujours facile de se lancer dans l’entrepreneuriat, Stéphanie Goujon admet ne pas avoir ressenti cette transition comme une véritable rupture. En effet, elle disposait déjà de certaines qualités et compétences propices à ses nouvelles missions. Le principe de l’Agence du Don en Nature était de créer une passerelle, encore une fois, entre le monde des entreprises et celui de l’associatif. Le travail de Stéphanie Goujon consistait donc à convaincre les entreprises de donner leurs invendus plutôt que de les détruire. Ceci afin de les redistribuer à des associations de lutte contre l’exclusion et tout en garantissant que les produits ne seraient pas revendus sur les marchés parallèles. « Je pense que je possédais des capacités de mise en œuvre. On partait d’une feuille blanche. Il fallait créer un site internet, constituer une chaîne logistique, monter des partenariats. Au bout de 10 ans, on comptait plus de 800 associations partenaires, 130 entreprises et 35 millions de produits neufs redistribués chaque année aux plus démunis. » se rappelle-t-elle.
Un vaste et beau projet. Pour autant, l’entrepreneure ne s’est pas sentie particulièrement en difficulté face à ce nouveau défi. « Ce projet était plutôt enthousiasmant. Pour moi, c’est là que j’ai découvert mes qualités entrepreneuriales de mise en œuvre, de pérennisation et de capitalisation. » raconte-t-elle. Évidemment, l’entrepreneuriat est souvent synonyme de solitude. Une solitude que Stéphanie Goujon a pu ressentir, sans toutefois se laisser abattre. « Il existe de nombreux réseaux d’entrepreneurs, d’écoute de dirigeants. On se rend alors compte, qu’en fait, nos problèmes sont partagés par beaucoup d’autres. C’est un soutien formidable, qui fait que vous ne vous sentez plus seul. » témoigne-t-elle. Pour Stéphanie Goujon, le passage de commerciale en agence de communication à entrepreneure du secteur social et solidaire a donc plutôt été une source de joie. « Je me sentais pleinement utile. Ce projet était une application parfaite de ce que je savais faire. » ajoute-t-elle.
French Impact : la société civile inspiration des politiques publiques
Aujourd’hui, Stéphanie Goujon est à la tête de French Impact. Cette association s’est donné pour mission d’accélérer des solutions du territoire qui viennent en réponse à de grands enjeux. French Impact identifie donc des projets sur les territoires, de futures licornes sociales et environnementales, pour ensuite faciliter leur accès au financement privé et public. Aujourd’hui, l’association compte une centaine de hauts fonctionnaires mobilisés et 500 projets à impact en cours d’accélération.
Une fois encore, Stéphanie Goujon a trouvé dans son activité le moyen de créer des passerelles ; Cette fois-ci entre des initiatives de la société civile et les politiques publiques. « On fait en sorte que ces deux mondes se rencontrent pour que la société civile puisse inspirer les services publics de demain« , précise-t-elle. Elle insiste d’ailleurs sur le fait que la coopération est une stratégie gagnante. French Impact crée des coalitions entre le public, le privé, et l’économie sociale et solidaire. « Cela part de la volonté de la société à peser davantage sur l’action publique. Nous sommes le catalyseur entre ces initiatives de la société civile et les décideurs publics. » conclut Stéphanie Goujon.