Thomas Pesquet est dans l’espace, encore. Et encore une fois, la France a vécu pendant quelques heures ce rêve millénaire de la conquête des étoiles. Dans les années 60, déjà, Kennedy adressait cette promesse au peuple américain, avec ses désormais fameuses « nouvelles frontières ». L’époque était au grand projet et à la construction d’une nouvelle ère. Ce qui est bien avec l’histoire, c’est qu’elle se répète.
Quel monde d’après ? On en parlait beaucoup il y a encore un an, mais, depuis, le bon vieux monde d’avant est revenu avec force comme un désir fou. On ne se projette plus, on se retourne. Se prend à rêver d’un retour à la normalité, rien de bien fou, juste une vie classique, peinarde en feignant de croire qu’un tel vœu soit réaliste.
On peut se leurrer, serrer les œillères, mais la relance post covid, sans grand catalyseur ne prendra pas, ou alors pas assez. Il faudra trouver quelque chose de bien plus grand, un changement d’ère. Oui la consommation, ce fameux surplus d’épargne va alimenter pendant quelques mois une reprise. Ce sera un feu de paille nécessaire, utile, indispensable, mais pas suffisant au regard du défi.
Finalement, avec le Covid-19, ce sont les trentes glorieuses que l’on enterre définitivement. Terminée la croissance carbonée à tout va, terminé l’hyperconsumérisme, terminées les matières premières bons marché, pour de bon.
Un besoin de nouvelles frontières
Suite à la crise de 2008, on a assisté à une montée quasi ininterrompu des populismes, un peu partout dans le monde. A l’époque, les dirigeants politiques et économiques n’avaient pas su proposer aux citoyens ces fameuses nouvelles frontières. L’époque était à la rigueur budgétaire et à la coupe des services publics. Il ne s’agit pas de se prononcer sur la pertinence de ces mesures, juste de constater qu’elles ne sont pas suffisantes pour créer un projet commun. On ne fédère pas un peuple autour de sa dette. Il faut autre chose, quelque chose de plus grand.
Joe Biden, après avoir présenté un plan de relance inédit dans sa mesure, a annoncé l’objectif de 50 % de gaz à effet de serre en moins d’ici 2030. Le programme du président américain est ambitieux, et, s’il ne suffisait pas à refédérer un pays clivé comme rarement, on peut encore et toujours se tourner vers les étoiles.