Yoann Brugière, associé d’Orbiss, cabinet d’experts comptables spécialisé dans la croissance des entreprises aux États-Unis, analyse les conditions actuelles du marché américain et des entreprises françaises qui y sont installées dans le cadre de la prise de pouvoir de Joe Biden. Interview
Comment se portent les entreprises qui se sont installées aux US ces dernières années ?
Yoann Brugière : Comme en Europe, cela dépend de leur secteur d’activité. On voit clairement que les sociétés technologiques ont profité, pour la plupart d’entre elles, de la crise. Dans le marketing digital par exemple, les demandes ont explosé.
Pour celles qui avaient pour projet de s’installer aux États-Unis en 2020, beaucoup ont dû gérer leur internationalisation de France.
Quel impact pourrait avoir l’élection de Joe Biden sur leurs activités ?
L’élection de Joe Biden est un indicateur de confiance, notamment pour la partie financement. C’est un gouvernement qui promet une meilleure lisibilité, donc une meilleure stabilité. Et ça c’est un enjeu majeur pour les investisseurs étrangers. Sur la question des visas par exemple, on sait que Trump avait gelé de nombreux visas de travail pour les Etats-Unis, on espère donc une ouverture aux frontières un peu plus forte. L’impact pourrait également être fiscal. Mais c’est quelque chose que les sociétés peuvent également prévoir grâce à des conseillers locaux tels que Orbiss qui permettent aux entreprises d’anticiper ce genre de questions et même de les transformer en opportunités.
Quelles sont les opportunités pour ceux qui souhaitent bientôt s’installer aux États-Unis ?
Les opportunités vont se situer sur les sociétés d’économie verte. Il y aura beaucoup d’avantages fiscaux pour ceux qui souhaitent investir dans ce type de secteur. On voit d’ailleurs pas mal d’investisseurs étrangers qui souhaitent acquérir ce type d’entreprises pour pouvoir se développer sur le marché américain très rapidement et pouvoir profiter des bénéfices qu’il peut y avoir sur ces secteurs d’activité.
Les sociétés qui proposent des services adaptées aux besoins d’aujourd’hui ont plus de chances de pénétrer le marché. Au sein d’Orbiss, il y a plusieurs success story de ce type. Nous avons par exemple un client producteur d’huile d’olive dont les ventes sont montées en flèche car il a tout misé sur le marketing digital durant le covid.
Donc au-delà du secteur d’activité, la clé de réussite réside également dans l’état d’esprit du dirigeant, celui qui réussit à proposer rapidement des services adaptés aux besoins réels, sont ceux qui seront le mieux préparés.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent entreprendre outre-Atlantique ?
Je dis souvent aux sociétés qu’il ne faut pas oublier que le marché américain compte près de 350 millions de consommateurs, il faut donc clairement un budget plus conséquent et prendre en compte que le retour sur investissement mettra plus de temps. Mais c’est aussi un marché qui en temps de crise peut générer de réelles opportunités, notamment en terme d’acquisition de sociétés américaines. On voit de plus en plus de demandes d’acquisition à des prix raisonnables comparés à leur valeur hors crise.
Ensuite, pour réussir son internationalisation, il faut également s’appuyer sur les réseaux de professionnels déjà sur place. C’est la clé de la réussite sur le marché Américain et ce quelle que soit la période.
Enfin, il faut surtout savoir planifier, les USA demandent surtout un effort d’investissement assez important et il faut prévoir ça dans la planification budgétaire. Chez Orbiss, on dit souvent à nos clients qu’il ne faut pas prévoir de signer son premier client avant 18 mois, et prévoir des coûts du personnel beaucoup plus élevés par rapport aux salaires français.
Si ceux qui veulent se lancer ont toutes ces choses en tête, ils mettent toutes les chances de leur côté.