« Notre taux de survie face à ce fléau est en moyenne de 5%» Celia Rich, directrice pédagogique de Lifeaz.

« Notre taux de survie face à ce fléau est en moyenne de 5%» Celia Rich, directrice pédagogique de Lifeaz.

En France, 50 000 personnes meurent chaque année d’arrêts cardiaques. Un fléau qui pourrait être évité si l’ensemble de la population était formé aux gestes de premiers secours. « Aujourd’hui, seulement 20% de la population connaît ces gestes élémentaires» révèle Celia Rich, directrice pédagogique de la start-up Lifeaz. Interview.

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Quel constat faites-vous sur la prévention des arrêts cardiaques en France ?

Celia Rich : Chaque année, on recense 50 000 morts d’arrêts cardiaques en France. C’est 3 fois plus que les accidents de la route mais on en parle moins. Il s’agit pourtant de la première cause de mortalité évitable. En effet, 80% de ces accidents surviennent à domicile et souvent en présence d’un témoin qui pourrait être en mesure d’agir. Mais en France, seulement 20% de la population est formée aux gestes élémentaires de premiers secours.

Bien que le gouvernement se soit fixé l’objectif de former 80 % de la population aux gestes qui sauvent et mis en œuvre quelques campagnes massives de sensibilisation, notamment lors des attentats de 2013, les résultats ne sont pas ceux escomptés. L’idée était aussi de former l’ensemble des élèves de collèges et lycées à ces gestes. Dans les faits, on est loin d’atteindre les 100 % et d’autant plus en période de crise sanitaire où les formations ont dû être décalées.

« Les freins à la formation des gestes de premiers secours sont nombreux »

Pourquoi aussi peu de sensibilisation sur un sujet aussi majeur que les arrêts cardiaques ?

Les freins à la formation des gestes de premiers secours sont nombreux. Le premier est d’abord le coût, on compte à peu près 60 euros la formation.

Ensuite, il faut se rendre disponible. En effet, la formation demande toute une journée et nombreux sont ceux qui ne sont pas prêts à sacrifier un jour de week-end ou encore un congé pour cette activité, à moins d’y être contraints.

Enfin, les problèmes de mobilités se révèlent aussi être un énorme frein. En région parisienne, les formations peuvent être plus accessibles. Mais en province, il faut parfois parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour pouvoir y accéder.

« L’idée est d’aider les personnes  qui ne s’y connaissent pas du tout à acquérir quelques notions en premiers secours »

Quels outils ou solutions ont été mis en œuvre dans ce sens ?

Nous avons créé  Everyday heroes, une plateforme de sensibilisation aux gestes de premiers secours que l’on a développée pendant 3 ans avec les pompiers de Paris . L’idée est d’aider les personnes, qui ne s’y connaissent pas du tout, à acquérir quelques notions en premiers secours et de leur faire prendre conscience de l’importance de ces gestes. On intervient également pour les personnes qui ont été formées il y a longtemps. On s’est rendu compte, par exemple, que des personnes ayant été formées il y a plusieurs mois ou années n’osaient pas forcément agir lorsque la situation se présentait. Everyday heroes permet ainsi de maintenir ces connaissances.

Comment s’articule cette plateforme ?

Il s’agit en fait de situations imagées qui nous plongent dans un état d’urgence.  Chaque scène est constituée de plusieurs étapes où l’on va apprendre comment prendre en charge une situation d’urgence comme un arrêt cardiaque, un traumatisme, une hémoragie ou encore une brûlure. Enfin, tout ce qui pourrait nous arriver au quotidien. Si je prends l’exemple de l’arrêt cardiaque, on a différentes mises en situation. C’est à dire des cas où l’on agit seul ou avec un témoin, avec ou sans défibrillateur… Cela permet vraiment à travers différentes scènes d’anticiper toutes situations possibles. La plateforme est totalement gratuite, accessible à tous et c’est aussi une application mobile qui peut se télécharger sur l’app store ou play store.

Vous souhaitez également à travers cette plateforme sensibiliser les gens à l’utilisation de défibrillateurs individuels…

En effet, comme évoqué précédemment, nous dénombrons 50 000 morts par an en France de l’arrêt cardiaque. Aujourd’hui, notre taux de survie face à ce fléau est en moyenne de 5%. Ce qui est très bas, quand on fait le parallèle avec d’autres pays comme les pays nordiques, où la formation intervient dès le plus jeune âge. Là-bas, les gens font également l’objet de piqûres de rappels à certaines étapes clefs de la vie comme quand ils deviennent parents où quand ils passent le permis. Le taux de survie avoisine les 30 à 40%.

Mais c’est à Seattle aux États-Unis que les résultats sont plus édifiants. Grâce à une politique de formation massive de la population et au déploiement massif de défibrillateurs dans la ville et où aujourd’hui ils affichent des taux de survie dix fois supérieurs aux nôtres pour atteindre les 60 à 70%. Grâce à la mise en œuvre d’un défibrillateur rapide, on peut drastiquement augmenter ses chances de survies.

Avec votre start-up Lifeaz vous avez donc conçu un défibrillateur pour les particuliers

Cet appareil, baptisé « Clark », se présente sous la forme d’un boîtier léger transportable équipé d’électrodes universelles pour adultes et enfants. S’il détecte une anomalie au niveau du fonctionnement électrique du cœur, il va délivrer un choc électrique pour tenter de relancer le cœur. C’est le défibrillateur qui décide seul de la thérapie à adopter et il n’y a aucun risque de se tromper : si l’appareil ne reconnaît pas d’anomalie, il ne délivrera pas de choc. Contrairement à la plupart des défibrillateurs classiques, ce dernier est connecté pour faciliter le suivi et la maintenance. »

En effet, même si le défibrillateur s’est assez démocratisé ces dernières années dans les établissements qui reçoivent du public, cela demande un suivi et une maintenance annuelle ainsi que le déplacement d’un technicien qui vérifie que la batterie n’est pas HS, que les électrodes ne sont pas périmées… Et s’il y a le moindre problème , on ne s’en rend compte qu’au moment de la révision. Aujourd’hui dans le parc français, on considère qu’il y aurait plus de 40% de défibrillateurs qui ne fonctionneraient pas quand on veut s’en servir.

En ce qui concerne Lifeaz, grâce à la connectivité, on assure ce suivi et cette maintenance à distance et s’il y a une batterie faible ou des électrodes périmées, on s’en rend compte tout de suite et cela nous permet de renvoyer une batterie ou des électrodes par la poste à nos clients s’ils en ont besoin.

A l’image du smartphone, Clark pourra être mis à jour et bénéficier ainsi de toutes les dernières fonctionnalités disponibles sur le marché.

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