La covid-19 est un révélateur, on ne cesse de le dire. Une forme de crash test géant intégral. Tout y passe, du sanitaire à l’économique, du politique au sociétal. Une forme de rayon X géant de nos sociétés. Et, au petit jeu du révélateur, un constat aussi basique que lourd de sens : il y a des jeunes en France et il y a des vieux.
D’un côté, une jeunesse pour qui le virus ne présente qu’un risque très limité de mortalité, de l’autre des plus de 75 ans qui représentent 80% des décès. D’un côté, une jeunesse presque dépossédée de sa vie, de l’autre la génération du Baby Boom ayant profité d’une époque marquée par des élans libertaires et une croissance économique forte. Il est toujours risqué de se livrer à l’exercice de la comparaison, la tentation du raccourci est forte. Mais si l’image présentée ainsi est forcement grossie, elle n’en reste pas moins révélatrice d’une forme de schisme.
Alors posons la question, puisqu’il faut bien la poser. A t-on le droit de sacrifier une génération pour une autre ? Peut-on, sur la durée, demander autant d’efforts et de sacrifices à une population que le virus touche peu ? Le discours de solidarité générationnelle a t-il des limites ? Faut-il sacrifier l’avenir pour préserver le passé ?
Il a fallu attendre deux confinements pour voir la jeunesse étudiante, pourtant connue pour son tropisme, manifestant, sortir dans la rue. Pour dire stop. Et, à l’inverse, aux moindres fuites gouvernementales d’un possible confinement ciblé, les réactions indignées fusent. La jeunesse a bon dos. Combien de sujets et d’heures d’antennes pour 3 soirées clandestines. Il est interdit d’interdire, monde d’avant ?
Cette crise est certes une épreuve pour tous. Il serait néanmoins louable de rappeler, jour après jour, qui porte vraiment le poids de cette si nécessaire et fragile solidarité générationnelle.