Confinement, masque, virus, distanciation… Autant de mots qui ont fait la « Une » des médias et des réseaux sociaux en 2020. Aujourd’hui, ils sont entrés dans notre vocabulaire quotidien et ne sont d’ailleurs pas près d’en sortir. Mais que signifient vraiment ces mots ? Que révèlent-ils de notre monde, de notre langage ? Agrégée en Lettres classique, Delphine Jouenne s’est penchée sur ces mots et leurs origines dans son ouvrage Un bien grand mot. Aujourd’hui, nous nous intéressons au mot « masque ».
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Solution d’abord décriée puis qualifiée de miracle, le port du masque est aujourd’hui une évidence que l’on ne met plus en doute. Nous le portons dans la rue, dans les magasins, au travail et parfois même aux réunions familiales. Comme le rappelle France Inter, à l’époque de la grippe espagnole en 1918, le masque est réservé, dans les esprits, aux médecins. Il faudra attendre la nomination d’une commission spéciale de médecins, toujours en 1918, pour que le port du masque figure dans les recommandations.
« Le port d’un masque analogue à celui dont les chirurgiens font usage au cours des opérations […] constitue une précaution très utile dont il importerait de généraliser l’emploi pour toute personne soignant les grippés et pour les malades eux-mêmes, quand ils commencent à se lever » peut-on lire dans dans Le Temps, le 17 octobre 1918.
Le masque dans le théâtre
Le mot masque est en fait un emprunt de l’italien maschera qui signifie faux visage. Il revient aussi dans le mot mascarade (spectacle travesti qui alternait entre danse et récitation de vers). Le mot masque est en fait particulièrement ambigu, car il cache le visage tout en en créant un autre. Au fil du temps, il a pris le sens de protection, en escrime par exemple, puis bien sûr en médecine.
En latin, c’est le mot persona qui désigne le masque de théâtre, puis le personnage joué par un acteur. « Le texte a ensuite évolué pour prendre une dimension sociale, le masque est celui que totu individu porte pour répondre aux exigences de la vie en société, explique Delphine Jouenne dans son ouvrage Un bien grand mot. Nous jouons un rôle social, nous faisons bonne figure face à une situation, nous nous construisions un visage comme rempart » conclut l’autrice.