2020 restera-t-elle comme l’année où l’opprobre est tombé de façon unanime sur Amazon ? La plateforme américaine n’a jamais eu très bonne presse en France. Mais l’année 2020 pourrait bien être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
C’est une pétition comme il en fleurit des dizaines chaque jour sur le web. Sauf que celle-ci est signée par des personnalités politiques et associatives de premier ordre. Cette pétition, c’est celle ci : un Noël sans Amazon. Pas besoin d’en dire beaucoup plus pour comprendre son contenu. À l’origine de cette initiative, on trouve le député (ex-LREM) du Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin.
Ce dernier a été suivi par une flopée de signataires médiatiques tels qu’Anne Hidalgo, Maire de Paris, François Ruffin (député de la Somme), Delphine Batho (députée des Deux-Sèvres), José Bové (ancien eurodéputé et porte-parole de Via Campesina), mais aussi Greenpeace, Les Amis de la Terre, la Confédération des commerçants de France, le Syndicat de la librairie française et Biocoop.
Ne pas oublier le contact humain
La pétition commence avec ces mots : « Cette année, nous prenons l’engagement d’un #NoëlSansAmazon ». Une décision forte et agressive envers le géant américain, mais qui se justifie selon les signataires. Le bilan d’Amazon en est la preuve. L’entreprise aurait touché le jackpot pendant le premier confinement en doublant son chiffre d’affaires dans le monde alors que de nombreux petits commerçants mettaient la clé sous la porte.
La France serait-elle touchée par un pic de Poujadisme, ou cette action se justifie-t-elle ? Pour Jessica Nguyen, spécialiste du commerce et directrice opérationnelle de FlipNPik, il faut relativiser. « Les petits commerçants doivent aussi voir Amazon comme une source d’inspiration sur la question digitale. Ce géant ne pourra d’ailleurs jamais les concurrencer dans le domaine du contact humain », explique la cofondatrice.
Jessica Nguyen est aux côtés des petits commerçants depuis 2018 et la création de FlipNPik. Cette plateforme permet aux commerçants et artisans de bénéficier d’une visibilité digitale. « Une créatrice de bijoux de Vannes peut vendre ses créations en Suisse grâce à nous », raconte-t-elle. Pour cette entrepreneur, les petits commerçants ont en fait plus à gagner à prendre le virage digital plutôt que de rentrer dans une lutte digne de David contre Goliath.
Actions coup de poing
Ce relativisme n’est pas la tasse de thé des signataires de cette pétition. Certes, ils demandent de privilégier les commerces de proximité, quitte à choisir la commande en ligne et le désormais célèbre « click and collect ». Mais ce qu’ils réclament surtout, c’est de légiférer pour interdire la construction « d’entrepôts géants la concurrence déloyale et l’injustice fiscale ». La publication de cette pétition suit d’ailleurs de très près celle d’une tribune où responsables politiques, syndicaux, mais aussi libraires appelaient à mettre en place une taxe exceptionnelle sur les ventes d’Amazon.
Face au déferlement de critiques, Amazon s’est défendu en s’appuyant sur les près de 10 000 emplois créés depuis dix ans sur le territoire français. Un argument qui ne pèse pas, selon la pétition, qui explique que pour chaque emploi créé par Amazon, ce sont « entre 2,2 et 4,6 [qui sont] détruits sur nos territoires ».